Outre le monde virtuel ouvert persistant qui en est un peu la vitrine, le concept de métavers intègre également, en principe, le recours à des cryptomonnaies comme base des échanges commerciaux. Afin de simplifier l'accès à ces dernières, jusqu'à aujourd'hui réservé à des initiés, Transak imagine une émulation d'automate bancaire dédiée.
En cible, l'idée fondamentale de la jeune pousse consiste à reproduire, aussi fidèlement que possible pour inspirer confiance, l'expérience d'un voyageur débarquant dans un pays étranger, ce qui est, d'une certaine manière, la réalité des métavers, et désirant convertir une partie de son argent en devise locale pour profiter des attractions disponibles. Selon cette logique, le visiteur se rend au premier distributeur venu et change la somme de son choix, qu'il conserve alors précieusement dans son portefeuille.
Dans la pratique, il faudra rapidement déchanter car il semblerait que, dans l'immédiat, seule une version pilote soit installée, dans Decentraland, retenu pour cette première implémentation. Les « retraits » ne sont donc pas réalisés dans l'environnement virtuel mais renvoient vers un site web indépendant, ce qui nuit sérieusement à la fluidité du parcours. La suite sera à l'avenant, car le respect des exigences réglementaires conduit en outre à imposer un processus de connaissance client lors de la première opération.
Après cette étape, qui est similaire à une véritable ouverture de compte bancaire, y compris dans sa durée, estimée à 15 minutes, il devient possible d'acheter et vendre bitcoins, ethers… et, bien sûr, MANAs prêts à dépenser dans Decentraland, en contrepartie d'un règlement par carte, par virement interbancaire (notamment les transferts instantanés SEPA et britanniques) ou encore par quelques moyens de paiement nationaux. Heureusement, Transak prévoit de réduire ces quelques frictions, à terme.
En attendant, la startup entend prendre rapidement une position visible, sinon hégémonique, sur son créneau. Dans cette optique, elle propose à tous les propriétaires de terrain virtuel d'y déployer un de ses automates, moyennant le reversement d'une partie des commissions perçues sur les transactions. L'objectif est évidemment de faire de la marque un point d'entrée plus ou moins standard, par son omniprésence et, dans l'idéal, par sa notoriété, dans l'univers des cryptomonnaies et du « web3 ».
Bien que le raisonnement sous-jacent soit plein de bon sens, je trouve la démarche de Transak assez dérangeante. En effet, sous prétexte de familiarité des usages, elle réplique, comme tant d'autres, les mécanismes d'intermédiation (multiples, en l'occurrence) existants et les adapte à un nouveau contexte, avec les modèles économiques correspondants (voir notamment les niveaux de commissions prélevées sur le GAB), dont les promoteurs vantent pourtant la décentralisation et ses vertus.
Le fait est que, en l'état, le métavers, dans son approche puriste, est probablement beaucoup trop complexe pour monsieur- ou madame-tout-le-monde. Le temps que la facilité de prise en main soit suffisante pour que des habitudes aient une chance de se prendre à grande échelle (par exemple avec la déclinaison sensiblement dénaturée qu'envisage de construire et distribuer Meta), la vision utopique des origines risque de n'être plus qu'un lointain souvenir, au grand dam des libertaires de tout poil.