La prise en compte des enjeux environnementaux dans l'industrie financière ne se réduit pas seulement aux vastes programmes ambitieux susceptibles de faire la une de la presse. TD nous offre aujourd'hui l'exemple d'une évolution triviale de ses modalités de fonctionnement dans l'optique de favoriser le recours aux transports en commun.
Pour comprendre la teneur de l'annonce, il faut savoir que, au Canada, les contrats forfaitaires proposés par les banques sont généralement assortis de limites mensuelles sur le nombre d'opérations de paiement autorisées depuis le compte de dépôt ou d'épargne, un plafond plus élevé étant (évidemment) assujetti à des frais plus importants. Dans ce contexte, la nouveauté appliquée dès maintenant à tous les clients, après un déploiement initial réussi à l'intention de la population étudiante, consiste à écarter de ces restrictions tous les achats de titres de transport en commun du pays.
L'impact réel sera relativement faible pour les voyageurs qui souscrivent un abonnement mais il sera plus sensible pour ceux qui ont un usage fréquent mais moins régulier et optent pour des tickets unitaires, risquant de la sorte de multiplier les transactions de petits montants, effectuées par carte selon la préférence exprimée par une majorité de consommateurs. Or il serait fort dommage que la crainte des pénalités pour dépassement du quota attribué constitue un facteur de report sur un mode de transport moins éco-vertueux. TD veut donc faire disparaître cette cause d'hésitation potentielle.
Ce dispositif spécifique n'est certes pas révolutionnaire, mais il ouvre une perspective beaucoup plus vaste sur le rôle que pourraient jouer les institutions financières en matière d'accompagnement des clients vers des gestes écologiques dans leur quotidien. Il existe déjà diverses initiatives pédagogiques et incitatives, dont les outils de mesure des émissions de gaz à effet de serre et les éventuelles solutions de compensation associées, mais une dimension complémentaire du thème reste à explorer, dans la recherche et l'élimination des obstacles et autres freins aux comportements verts.
Les frictions pourraient ainsi être analysées et, d'une certaine manière, exploitées dans le but d'orienter les décisions des utilisateurs, au sein de l'univers des paiements, naturellement (comme dans le cas présent), mais également autour de l'épargne, de l'investissement, du crédit (ne serait-ce que sous une forme de prolongement de l'idée de TD avec les découverts)… Il pourrait s'agir, a minima, d'introduire, en parallèle des avantages dédiés parfois octroyés, une simplification des processus en place exclusivement dans les circonstances où ils servent le développement durable.