Un aéroport. Un café, puis un autre, et encore. La Floride, Miami, après 2001. Quelle guerre commence ? Elle, qui dit « je » dans ce livre, se souvient : trois femmes, nées quelque part en Haïti, à la campagne, et regardant la ville, au loin, Les Cayes, pour y devenir quelqu’un. Regardant plus loin. Pour partir, donc. Comment sera le café là-bas ? Les miroirs ne refléteront-ils toujours que la solitude ? Ça se termine toujours avec un cercueil. Elle revient. Mais elle reste assise dans l’aéroport, à boire un autre café, et à tenter de raconter son « histoire en miettes », l’histoire des femmes de sa lignée, un miroir brisé, le martèlement de la machine à coudre, les cafés, d’une cafetière italienne, toujours prêts. Elle revient. « J’entends très fort l’appel de ma ville, trente ans que l’on vit les mêmes désespoirs, accrochées l’une à l’autre, nous éreintant à faire des matins et des soirs pour nous vieillir. »
Et, revenue, les jours reprennent leur « après ».
Emmelie Prophète vit à Port-au-Prince. C’est sa ville.
Ses romans y reviennent sans cesse. Celui-ci est son premier ; son éditeur, Mémoire d’encrier, le publie à nouveau et c’est heureux : Les villages de Dieu (publié en poche en septembre 2022) parlent d’aujourd’hui ; Un ailleurs à soi dit la tentation permanente de partir ; Le testament des solitudes (publié en septembre 2022) se souvient de l’enfance. Il faut lire tous les livres d’Emmelie Prophète. Elle y inscrit le temps de sa présence, c'est aussi le nôtre..