« Ce qui manque dans mes carnets, ce sont les journées : tout ce temps passé à vivre, à vaciller et à hésiter ; ce qui y figure, ce ne sont que des moments de sécurité, infiniment courts, déjà périmés à l’instant où je les note, que je n’ai griffonnés que pour les renier ensuite avec volupté.
Les fragments les plus faibles sont ceux que j’ai écrits en tant que fragments : fermés d’avance, retenus, affûtés, afin de respecter dès l’origine la brièveté prescrite. Les meilleurs, quant à eux, sont extraits d’une masse de poèmes sans valeur, qui sont (littéralement) arrachés à leur contexte pour être conservés en tant que fragments réussis. Mais ils n’étaient pas destinés à cette indépendance.
Qu’est-ce qui est donc à la racine d’un fragment réussi ? Le changement de destination — le renoncement — l’abus. »
Ces extraits sont ici proposés au format PDF, à ouvrir d'un simple clic sur ce lien.
Bojan Savić Ostojić, né en 1983, a publié plusieurs livres de poésie (Stéréorama, Datif hérétique, Gicleur), recueils de fragments (L’Aléatoire et Les psaumes mesquins) et trois romans (Punkt, Il n’y a pas d’oasis, Rien n’est à personne). Il a traduit en serbe une trentaine d’ouvrages du français (auteurs comme Antonin Artaud, Emmanuel Bove, Agota Kristof, Henri Michaux, Georges Perec, Alain Robbe-Grillet, Raymond Roussel…). Fondateur de la revue de poésie contemporaine Agon (agoncasopis.com, 2008-2016), il vit, comme traducteur littéraire, entre Belgrade et Stara Pazova, en Serbie.