Le cri d'un mime fend le silence dans un tonnerre de cataclysmes intimes. Les nuages saignent des embryons de rêves avortés, des restes de cauchemars spontanés. Je trafique ma ligne de vie pour réinventer mon destin, falsifie mon passé pour frauder mon karma. Je me purifie en enduisant mes blessures d'onctions de contrebande, foule le sol et ses sédiments souillés, laissant derrière moi des empreintes qui ne sont pas les miennes. Ornée des bijoux de la guerre, tendue comme un cran d'arrêt, la main s'apprête à libérer ses encres sur fond de fugues liturgiques, de parfums d'asile, d'eucharisties pharmacologiques.
Prêt à combattre sur tous les fronts, j'enrichis mes encres des larmes de mes pères en me livrant à un rituel dont la noblesse n'a rien à envier au pacte de sang. Je suis de la race des survivants, de ceux et celles qui vont toujours au bout de leur guerre. En quête de rédemption pour les humiliés,
les mal-aimés, les abandonnés, j'écrirai. Déterminé à donner la parole à tous ces dévastés qui ont appris à craindre davantage la vie que la mort, j'écrirai.