Extrait de l'édition du jour de Grupo Multimedio Digital
"Lacalle Pou offre à Zelensky de collaborer"
[pour en finir une bonne fois pour toutes avec cette agression]
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Comme ce fut le cas il y a
quelques semaines pour les coups de fil échangés entre Volodymyr
Zelensky et d’une part Gabriel Boric, son homologue chilien, et
d’autre part, Alberto Fernández, président argentin qui rentrait
tout juste d’un sommet du G7 où il avait pu entendre le président
de l’Ukraine, invité en visioconférence, Montevideo et Kiyv se
sont entretenues au téléphone hier matin (heure uruguayenne).
Dépêche Ukrinform
(c'est moi qui souligne les titre et nom du président uruguayen)
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Luis Lacalle Pou, président de
l’Uruguay, tentait ainsi de réparer l’affront que le Mercosur a
récemment infligé à Zelenski en lui refusant la possibilité de
s’exprimer lors du sommet des chefs d’État, qui s’est tenu la
semaine dernière. Bolsonaro, aligné
en tout point sur Poutine,
ne voulait à aucun prix d’une telle allocution et Alberto
Fernández, fragilisé par la situation économique de son pays, la
perte d’un ministre des Finances internationalement respecté et
l’hostilité aussi manifeste que féroce de sa vice-présidente,
elle aussi passablement poutinienne, n’a pas pesé en faveur de
cette intervention, laissant
seuls les deux pays
favorables, les plus
petits du Mercosur,
l’Uruguay et le Paraguay.
Une de El País hier
avec un bandeau pour annoncer le contact
diplomatique tout en haut
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Hier, la presse uruguayenne
annonçait un peu partout que l’appel était à l’agenda de la
journée. L’info était même à la une de deux quotidiens :
l’un libéral, El
País, l’autre de
gauche anti-impérialiste (USA) mais pro-russe, Grupo
Multimedio Digital
(ex-La República).
Il était alors question d’une visioconférence mais
finalement, les deux chefs
d’État se seront
parlé sans se voir.
Une de Diario La R/Grupo Multimedio Digital
L'information est traitée en haut à droite
Comme pour ce qu’il s’est
passé avec Boric et Fernández, les retours publics sont des plus
ténus. Rien sur le site Internet de la présidence ukrainienne qui
se contente d’un double tweet, en anglais et en ukrainien, à
consulter sur le compte de
Volodymyr Zelenski. Rien
non plus sur le site Internet de l’agence de presse nationale,
Ukrinform, du moins en anglais, les pages probablement
les plus consultées à l’échelle internationale. Dans
les pages rédigées en ukrainien et celles en espagnol, on
trouve néanmoins les
dépêches ad hoc
(liens en pied d’article). Il faut dire qu’avant-hier, comme cela
s’était déjà produit lors des échanges avec les
mandataires de l’Argentine
et du
Chili, Volodymyr Zelenski venait d’accueillir en chair et en os un
autre président, en l’occurrence le guatémaltèque, premier chef
d’État latino-américain à se rendre en Ukraine. Un déplacement
qui vient juste après la visite de la vice-présidente uruguayenne à
Kyiv à la mi-juillet (1)
et la participation samedi dernier de la première dame du Belize à
une rencontre (2)
des Premières dames et Premiers gentlemen pour l’Ukraine organisée
et présidée par Olena Zelenska (3).
Hier, la communication slave avait donc choisi le Guatemala pour
remplir l’espace du site présidentiel réservé aux activités
diplomatiques.
Copie d'écran du tweet de Lacalle Pou
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Du côté uruguayen, rien ce matin sur les unes. Les rédactions ont privilégié le dernier rebondissement dans la carrière de Luis Suárez ! L’attaquant vedette allait-il, oui ou non, rejoindre la sélection nationale pour défendre l’honneur du pays au Qatar ? Réponse ce matin : c’est oui ! Il faut donc se rendre sur le site Internet de la présidence pour y trouver quelques lignes succinctes agrémentées d’un lien vers un communiqué de presse fourni en pdf et rédigé en langue de bois diplomatique pur caroubier, le tout accompagné d’un petit tweet en espagnol, sans mention du nom du correspondant ni renvoi vers son compte, le tout illustré d’une GRANDE photo institutionnelle de... Luis Lacalle Pou pendu au téléphone dans son bureau présidentiel ! Le tweet de Zelensky est plus élégant et plus courtois.
En haut, le tweet en anglais à grand renfort de petits drapeaux
pour rentrer dans le bon nombre de signes
En bas, en ukrainien, les mots sont écrits en toutes lettres
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Il est probable que le président uruguayen se sente en ce moment comme pris entre le marteau et l’enclume. Impossible en effet pour cet ultra-libéral à penchant pro-USA de ne pas condamner l’agression russe contre l’Ukraine et le mépris de tous les traités internationaux que Poutine manifeste à la face du monde. De l’autre côté, Lacalle Pou met en ce moment la dernière main à un traité de libre-échange de son petit pays de 4 millions d’habitants avec la République populaire de Chine (1 milliard et des poussières). Un traité pour lui tout seul. Pas question de partager avec les copains du Mercosur, au grand dam de ceux-ci qui voudraient bien qu’il fasse bourse commune avec eux. Dans ces conditions, bien sûr, Kyiv n’est pas le dossier posé au-dessus de la pile !
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller plus loin :
lire l’article de El Observador
lire l’article de LR21
lire l’article de Diario La R./Grupo Multimedio (ex-La República)lire la dépêche de Ukrinform en espagnol
lire la dépêche de Ukrinform en ukrainien
lire le communiqué de la présidence uruguayenneaccéder au communiqué officiel en pdf (et en caroubier massif)
(1) Beatriz Argimón faisait
partie d’une délégation de l’Union interparlementaire mondiale
(UIP), venue visiter les deux pays belligérants pour tâcher
d’établir des relations entre la Rada et la Douma en vue de
faciliter le retour à la paix… Des fans de Mission
impossible, sans
doute !
(3) Sommet auquel les Premières dames argentine et chilienne n’ont pas pris part (je dis « Première dame » par facilité, tout en connaissant l’opposition formelle de Madame Boric qui, en fervente féministe, rejette ce titre). La Première dame uruguayenne ne pouvait pas en être. Il n’y en a plus. Le président est en plein divorce.