Une élancée lyrique, une poésie bétonnée scandée avec pudeur et ardeur par Leonis. Une agilité touchante et déconcertante dans les paroles, le ton, et le visuel. Un clip signé Bishop, en osmose avec l'histoire, l'expérience, le vécu qui est dessiné.
De l'amour, du ressenti, de la vie, des descentes et des montées, des émotions, belles ou amochées par la rudesse d'un moment, d'une situation, l'écho que ça nous fait, l'effet que ça procure, une sensation de sécurité, de confort, à l'écoute d'un beat et d'une atmosphère des plus désillusionnés. Mais rien que le fait que ce titre existe, qu'il soit concret, brut, palpable, échangé, partagé, délivré, le fait qu'il nous soit exposé, proposé, suggéré, c'est déjà une avancée, un progrès, un soulagement, un soulèvement. Ça nous enlève un poids des épaules, c'est terre-à-terre, un son qui mord la poussière, qui nous fait ravaler les larmes qui auraient pu s'échapper de notre esprit, nous quitter, nous ôtant l'envie d'être sensible. On ressent mais on encaisse, on se protège mais on se blesse. Souffrir n'est plus une option, subir n'est plus une question.
"Petit feu" c'est doux, amer, mais c'est la meilleure altère qu'on puisse soulever. C'est tout risquer pour créer, pour s'exprimer, pour prouver qu'on est liés. Que la musique en vaut la peine, qu'elle est majeure. Et le plus beau c'est que ce n'est pas voulu, calculé, c'est inconscient, spontané, bitumé, c'est suspendre ce qui ne peut pas s'élever, c'est aligner des mots pour en faire un collier, c'est jeter une ambiance par la bouche, par la brèche qui nous permet de respirer, de continuer. C'est casser les touches, les notes du piano, des instruments à cordes qui augmentent la pression, qui nous donnent l'impression d'être fort et ému à la fois. Si ce n'est pas la vérité c'est quoi ? Si ce n'est pas une vivacité parmi un millier d'autres c'est quoi ? Une goutte de pluie dans un orage, un bout de radeau en plein naufrage, mais ce morceau c'est aussi tout simplement la vigueur et la justesse d'un âge, celui qu'on aura qu'une fois et qui avec le temps qui passe, s'éternisera.
Une pensée ternie, colorée par le flow de Leonis. Une authenticité renforcée par le chaud qui luit, comme l'aura de quelqu'un qui n'en veut pas. Qui la traîne dans l'espoir qu'un jour elle le laissera.
Fidèle à sa lignée, à ce qu'il a toujours fait, Leonis nous étonne une fois de plus. Un titre à écouter jusqu'à s'y noyer, dans une eau à quatre-vingt degrés. Petit feu, petite flamme, petite eau, petit drame. Grande histoire sacrée trame !
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