Plaidoyer pour l'éducation financière

Publié le 27 juillet 2022 par Patriceb @cestpasmonidee
Quand, d'un côté, Kyle Owen, analyste pour Gartner, encourage les banques à développer l'éducation financière de leurs clients, et, de l'autre, Ron Shevlin, expert et influenceur reconnu, estime, au contraire, que sa valeur est surestimée, on pourrait se désespérer. Pourtant, les deux propositions sont aisées à réconcilier, dans la mise en œuvre.
Les symptômes, d'abord. Pour Kyle, le point de départ de la réflexion est plutôt théorique, puisqu'il repose sur une étude (récurrente) qui révèle qu'environ un américain sur trois seulement est capable de répondre à quatre questions simples sur cinq autour de concepts élémentaires (sur les intérêts, les actions…). Ron, pour sa part, se veut plus pragmatique, s'inquiétant, avec le FBI, de l'augmentation dramatique des escroqueries sur les cryptomonnaies (bien que le nombre de victimes soit encore minime).
Partant, le premier expose quelques raisons pour lesquelles les fournisseurs de services devraient œuvrer à combler les lacunes des consommateurs, au-delà de considérations purement philanthropiques sur la résolution d'un véritable problème de société. Leur donner les moyens, par l'apprentissage, de mettre de l'argent de côté (et accroître de la sorte les dépôts) ou d'améliorer leur score de crédit (et donc augmenter leur capacité d'emprunt), par exemple, profite directement à l'activité, sans parler de la prévalence concurrentielle accordée à l'établissement qui contribue à ces progrès de bien-être.
Naturellement, la littératie est la première et principale clé de l'acquisition des comportements rendant possible une telle évolution. Et, quoi qu'en dise Ron, il en est de même face aux arnaques : un peu de vigilance et une compréhension des mécanismes des instruments financiers sont des armes essentielles afin d'éviter de tomber dans le piège des promesses mirobolantes auxquelles recourent la plupart des escrocs (non, vous ne gagnerez pas 10 000 euros par jour sans risques avec le bitcoin !).
En revanche, quand il précise son argumentaire, il touche très justement un sujet sensible. Si les approches pédagogiques se réduisent à partager quelques articles explicatifs génériques et autres contenus abstraits, l'éducation financière est définitivement inefficace et inutile, n'ayant quasiment aucun impact sur les habitudes des usagers, comme le décrit une étude académique de 2017. Mais est-il surprenant de découvrir qu'une démarche passive d'apprentissage produit des résultats dérisoires ?
En synthèse, il ne devrait faire aucun doute que les institutions financières ont un rôle critique à jouer dans l'accompagnement de leurs clients en matière de connaissance et de maîtrise des outils qu'elles commercialisent (et de ceux qu'elles ne distribuent pas elles-mêmes), autant pour leur sérénité (à eux) que pour leur performance (à elles). En revanche, pour remplir leur mission, les programmes à déployer doivent être personnalisés, adaptés à chaque situation et à chaque individu, et fondés sur l'action, contextualisée, qui, par l'expérience, devient alors un facteur d'assimilation.