Lire Laurence Tardieu est toujours un moment intime pour la lectrice que je suis, sans doute parce que j’ai lu tous ses textes (je crois) mais aussi parce que j’ai eu l’occasion de la rencontrer et d’échanger quelques mots avec elle. J’avais lu Nous aurons été vivants en 2019, et j’attendais depuis avec impatience qu’elle sorte de nouveau un roman, sans savoir le drame qu’elle vivait alors et sans savoir non plus que son nouveau livre en parlerai… En effet, alors que le 17 mars 2020 les français s’apprêtent à se confiner pour un temps indéterminé, Laurence Tardieu intègre elle un service des urgences pédiatriques parisien avec son petit garçon de quatre ans. C’est un autre enfermement, qui isole de l’extérieur, l’enfermement de l’inquiétude, de la vigilance, des soins à faire. Adam a déclaré une leucémie. Ce temps à part durera cent cinquante-huit-jours, un temps qui modifiera profondément le lien de l’autrice aux autres, qui mettra en lumière l’essentiel. Laurence Tardieu est surprise de découvrir cette nouvelle force en elle, qui sait tenir le coup, lutter, jusqu’à dompter la peur et atteindre l’apaisement… Vous ne trouverez pas dans ce livre des tonnes de larmes car Laurence Tardieu y invoque aussi la joie, le bonheur, les instants volés à l’inquiétude. Ce récit est d’une grande sincérité, il ressemble à cette autrice courageuse qui a déjà vécu d’autres épreuves et en fait là de nouveau non pas un obstacle à l’écriture et à l’avancée de la vie, mais une nouvelle marche sur laquelle s’appuyer pour continuer. Le tête à tête entre Laurence Tardieu et son petit garçon malade se transforme au fil des pages en un hymne à la vie étonnamment lumineux, mais aussi en un hommage au monde médical, qui reste disponible et souriant alors qu’il est pourtant si malmené.
Editions Stock – 5 janvier 2022
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
Une autre lecture chez… Jostein