Critique de Insuline & Magnolia de Stanislas Roquette, vu le 19 juillet 2022 à 14h30 au Théâtre du Train Bleu
Interprété et mis en scène par Stanislas Roquette
Encore un spectacle qui multiplie les critères de sélection. D’abord, le titre du spectacle, original sans faire l’intéressant, ce qui me fait m’arrêter quelques secondes. Ensuite, le nom de Stanislas Roquette, découvert dans Le Fils mis en scène par Jacques Lassalle il y a quelques années. C’est toujours chouette de retrouver un comédien dans un spectacle totalement différent. Enfin le Train Bleu, en qui j’ai entièrement confiance pour la programmation (et je crois que ça s’est un peu vu dans mon Festival). Le thème du spectacle m’évoque La métamorphose des Cigognes, qui avait ouvert mon OFF de l’année dernière complètement au hasard, et qui avait tiré dans le mille. Plutôt de bon augure, non ?
Avec un titre pareil, Insuline & Magnolia, on a une petite idée de ce dont va traiter le spectacle. Et bien en fait, pas tant que ça. Certes, Stanislas Roquette raconte la découverte de son diabète de type 1 et tout ce qui va avec : vivre avec la maladie, les cinq piqûres par jour, l’obligation de toujours contrôler son taux de sucre. En fait, apprendre à avancer avec la mort à ses côtés. Mais cette histoire semble aussi être une excuse pour introduire celle à qui on doit l’autre partie du titre, Magnolia. Elle s’appelle Fleur, et, au moment où on fait connaissance avec elle dans le spectacle, elle est en prépa littéraire et elle semble déjà infiniment libre.
Qu’il est beau, ce spectacle hommage, comme un tombeau théâtral à cette Fleur à qui Stanislas Roquette doit tant. A l’écouter, il lui doit la découverte du théâtre et de la poésie, il lui doit d’avoir su vivre avec la maladie, il lui doit une sorte de libération face à l’épreuve de la rencontre avec la mort. C’est un récit initiatique où Stanislas apprend au côté de cette Fleur qu’il fait renaître auprès de lui, qui semble occuper tout l’espace de sa présence joyeuse. On la découvre pleine de vie et de fantaisie, et le spectacle se teinte alors de ses couleurs qu’il lui emprunte.
Loin d’être un spectacle égocentré comme je l’imaginais, Stanislas Roquette préfère nous présenter cette flamme qui semble l’avoir libéré du monde des morts dont il a fait partie trop soudainement. C’est un moment à la fois très frais et légèrement désuet, dans lequel Stanislas Roquette retrouve ses émotions d’alors, et nous les transmet aisément. C’est la littérature qui l’a aidé à surmonter les difficultés liés au diabète, et son récit est d’ailleurs truffé de références littéraires, poèmes et répliques de théâtre. Il profite du spectacle pour être à son tour un passeur : cela fait sourire les sachants, mais peut-être cela créera-t-il des vocations dans la salle, comme la sienne il y a plus de dix ans.
Un spectacle à l’image de son inspiration, de son histoire et de son interprète : sincère et touchant.