À l'approche de son lancement officiel, la carte de la jeune pousse californienne présente d'abord des caractéristiques classiques, vantant, par exemple, son absence de frais annuels et de surcoût sur les transactions à l'international, ses taux d'intérêt avantageux (mais dans des valeurs comparables aux normes de l'industrie), son programme attractif de récompenses à plusieurs niveaux, le prestige de sa composition en métal… Bien sûr, elles ne justifient pas, à elles seules, les 500 000 inscrits de sa liste d'attente.
Les services additionnels disponibles dans l'application mobile associée commencent à fournir une meilleure explication. Outre les outils de suivi habituels, y compris pour le pilotage des points collectés au fil des achats, elle comprend en effet des options destinées à faciliter la vie des porteurs, telles que les cartes virtuelles à expiration automatique pour les abonnements à période gratuite, la résiliation des souscriptions en un clic ou les achats anonymes, évitant toute transmission d'information personnelle.
Rien d'exceptionnel par rapport à ce qu'offrent désormais de nombreux établissements bancaires, mais ces possibilités restent rares chez les spécialistes de la carte de crédit. Il en est d'ailleurs de même pour l'autre originalité de X1, à savoir son recours exclusif à une analyse des revenus du demandeur pour fixer son plafond, sans consultation de son score de crédit. Le mécanisme retenu passe naturellement par un accès à l'historique des transactions financières, propulsé par l'agrégateur de comptes de Plaid.
Comme toujours, le premier avantage de ce choix est d'autoriser l'ouverture du produit, sans limitation particulière, à une catégorie de population qui en est jusqu'alors exclue. Ce sont, entre autres, les jeunes diplômés qui viennent de décrocher leur premier emploi ou les étrangers qui viennent s'installer aux États-Unis, tous ayant en commun de ne pas avoir réalisé d'opérations susceptibles d'affermir leur crédibilité auprès des agences de notation alors que, potentiellement, leur rémunération les rend parfaitement solvables.
Mais X1 souligne également un bénéfice secondaire pour ses clients. Non seulement leur utilisation de sa carte leur permet-elle d'entrer dans le système et de faire progresser leur score, qui leur servira dans d'autres occasions (notamment pour un crédit hypothécaire), mais, de plus, la limite de crédit élevée qui peut leur être accordée grâce à la méthode employée constitue mécaniquement, par la réduction du taux d'utilisation (critère important de l'évaluation), un facteur d'accélération du processus.
Le modèle historique de la carte de crédit est tellement ancré dans les mœurs locales que bien peu d'acteurs tentent de le remettre en question, et les innovations en la matière se contentent généralement de proposer des moyens de s'adapter à ses exigences. Il faut un œil nouveau, comme celui de Deepak Rao, cofondateur de X1, originaire d'un pays étranger, pour imaginer une solution différente, probablement plus rationnelle…