Critique de Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze, de Chloé Oliveres, vu le 18 juillet 2022 à 14h30 au Théâtre des Béliers
Avec Chloé Oliveres, mis en scène par Papy
Chloé Oliveres, je l’ai découverte il y a plus de dix ans maintenant dans un texte de Besset, Je ne veux pas me marier. J’ai suivi son parcours, la formation des Filles de Simone, collectif engagé dont les spectacles aux noms à rallonge abordent avec humour des préoccupation féministes, et j’ai été un peu étonnée – et ravie ! – de découvrir la présence de son seul en scène à Avignon cette année. Je connais mal Patrick Swayze, en plus, ça tombe bien !
Bon, ça ne tombait pas si bien en fait, parce que j’ai manqué une bonne partie des références du spectacle. Mais ce n’était pas si grave que ça. Parce que j’adore en apprendre davantage sur les comédiennes que je suis depuis des années, parce que je trouve intéressant, aussi, de n’avoir pas d’image et de me confronter à la matière brute du spectacle, et parce que ce costume à paillettes accompagné de chaussettes à paillettes et de chaussures à paillettes – et d’une gourde à paillettes – est immensément chouette.
Dans ce premier seul en scène, Chloe Oliveres se livre. Elle raconte la petite fille légèrement exubérante qu’elle était, son besoin d’avoir les regards constamment tournés vers elle, sa découverte de Dirty Dancing et son amour des comédies romantiques, sa construction en tant que femme et la naissance de son combat féministe. On entre un peu dans son intimité, on partage ses doutes, ses désirs, ses peurs.
Des doutes, des désirs et des peurs dans lesquels on se retrouve souvent, en tant que spectateur – ou en tant que femme ? Sa place dans le monde, le rôle de l’amour, la honte de son corps, autant de questions qui nous ont traversées un jour. C’est son histoire et l’histoire de tellement de femmes, aussi. Et c’est fait avec un joli mélange de finesse et d’énergie, mais aussi avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision.
J’adore regarder les acteurs bouger. J’aime le théâtre pour son texte, mais aussi pour ces comédiens qui transcendent les mouvements du corps. Et j’ai de la chance, car Chloé Oliveres bouge magnifiquement. La regarder danser est un bonheur. Lorsqu’elle se pose, lorsqu’elle raconte, elle a quelque chose dans la gestuelle qui m’évoque Florence Foresti. Les anecdotes s’enchaînent bien, le sens du rythme – et de la chute – est parfaitement maîtrisé, ses yeux brillent de souvenirs. Que l’on revit à ses côtés.
Un seul en scène à la fois hyper authentique et complètement punchy. A déguster comme un bon cocktail vitaminé.