Column, la banque qui aime les développeurs

Publié le 21 juillet 2022 par Patriceb @cestpasmonidee
La déferlante de la FinTech, d'abord, puis la vogue actuelle de la finance enfouie ont au fil du temps stimulé la création d'offres de « banques en services » de la part d'une poignée d'établissements visionnaires, dont quelques-unes ont acquis une solide réputation. Aujourd'hui, une jeune pousse américaine vient les défier sur le terrain de la technologie.
Le constat ayant inspiré les fondateurs est facile à observer : en dépit des qualités qui font leur succès, les solutions mises à disposition par les institutions financières traditionnelles héritent malheureusement d'une bonne partie des lourdeurs et autres défauts de ces dernières, entre, par exemple, silos fonctionnels susceptibles d'introduire des frictions dans certains processus et délais de mise en œuvre conséquents, induits, entre autres, par la fréquente nécessité de recourir à des couches d'intégration tierces.
En réponse, Column a donc repris le problème à partir de zéro, dans une approche souvent revendiquée mais rarement aussi justifiée d'entreprise centrée sur le logiciel. Banque de plein exercice, grâce au rachat d'une petite institution communautaire californienne possédant une licence en bonne et due forme (qui continue à opérer depuis son unique agence), connectée aux infrastructures de paiement fédérales, elle est en position de distribuer une palette de produits complète, qui se constitue peu à peu.
Surtout, sa petite équipe (elle compte environ 60 personnes) a consacré l'essentiel de ses efforts à concevoir et construire, en interne, un cœur de système robuste et, encore plus important, à exposer l'ensemble de son catalogue sous une forme parfaitement adaptée à sa cible d'experts informatiques, architectes et développeurs, dont la principale préoccupation est de comprendre comment ils pourront injecter dans leurs applications les services dont ils ont besoin, de la manière la plus efficace et rapide possible.

Le résultat est, sans surprise, présenté sous les traits d'un jeu d'API, couvrant les différentes lignes actuellement disponibles, à savoir la gestion de compte, bien sûr, les transferts interbancaires, dans leurs variantes locales, les programmes de cartes, aux multiples options, le support des découverts, le crédit (encore en test à ce jour)… Outre une documentation extensive, attentive à l'orchestration des parcours, il s'accompagne d'un inévitable « bac à sable » sur lequel quiconque peut, moyennant une simple inscription en ligne, expérimenter et mettre au point ses idées en toute liberté.
La facilité d'accès a toutefois ses limites et le passage en production se révèlera un peu plus complexe. Ne serait-ce que pour des raisons réglementaires, les clients de Column devront naturellement montrer patte blanche et démontrer leur sérieux, en particulier s'ils exploitent ses fonctions les plus sensibles. Il est vrai que cet obstacle a apparemment été une source de frustration pour quelques adeptes précoces, dont la startup n'était pas prête à assumer la responsabilité de leurs opérations vis-à-vis des autorités.
Il restera à vérifier si la qualité de l'expérience qu'elle délivre parvient à faire la différence face à la puissante concurrence qu'elle affronte, mais Column a au moins le mérite de montrer clairement ce que signifie un modèle « API d'abord » (« API first »). Il ne s'agit pas seulement de créer une interface, avec une structure standard, pour chaque service commercialisé. Il faut également fournir aux utilisateurs la plate-forme qui leur permet d'en profiter dans les meilleures conditions, en conservant toujours en mémoire leur profil (il est technique) et leurs attentes. Une démarche focalisée sur le client, en somme.