Critique d’Un certain penchant pour la cruauté, de Muriel Gaudin, vu le 17 juillet à 13h05 à la Scala Provence
Avec Fleur Fitoussi, Muriel Gaudin, Benoit Giros, Antoine Kobi, Emmanuel Lemire, Clément Walker-Viry, mis en scène par Pierre Notte
Impossible de venir au OFF 2022 sans passer par le nouveau lieu dont on a tant parlé : La Scala Provence, écho sudiste de La Scala Paris ouverte par Mélanie et Frédéric Biessy il y a quelques années. Après épluchage de la programmation, de laquelle on a retiré ce qu’on a déjà vu à Paris, à la Scala ou ailleurs, je retiens un spectacle qui fera la continuité avec mon édition 2021 : j’avais vu Jubiler, avec Benoît Giros mis en scène par Pierre Notte, autour du couple, ce sera Un certain penchant pour la cruauté, autour de questions sociales et d’idées préconçues dans cet environnement si particulier qu’est la famille.
Elsa a décidé d’accueillir un jeune malien chez eux. Après tout, elle qui semble tout avoir, elle peut donner un peu pour les autres aussi. Mais évidemment, tout n’est pas si simple. L’arrivée de Malik va être le grain de sable qui fait exploser l’engrenage, qui révèle les failles personnelles et familiales. Le joli cocon cachait peut-être un nid de guêpes.
Je le dis à chaque fois, mais j’ai vraiment du mal avec les mises en scène de Pierre Notte. J’avais espéré qu’avec une pièce d’un autre auteur, ça passerait mieux – et c’est le cas – mais je reste quand même en dehors. Ces changements de costume à vue qui n’ajoutent rien au propos, cette manière de dialoguer sans se regarder, face public, de détacher chaque phrase comme si elle était d’égale importance, c’est une forme de mise en scène qui fige la vie. La distanciation, toujours, érigée comme principe de mise en scène, ce n’est pas pour moi.
Et si Muriel Gaudin échappe à certains écueils de l’écriture de Notte, sa première pièce a cherché à incorporer trop de choses pour convaincre entièrement. C’est comme s’il y avait deux pièces en une : une pièce socio-politique et une espèce de drame ironique. Le mélange des genres peine à se faire, on sent que quelque chose ne fonctionne pas, le tout reste hétérogène. On comprend mieux l’intention au fil de la pièce : la question sociale semble en réalité être un prétexte pour révéler l’explosion de la famille. Ce n’est qu’un faire valoir, un outil, qui peine à convaincre sur scène. C’est dommage, car le spectacle était porté par de très bons acteurs. Et ça se sent, lorsqu’à la fin, la pièce semble plutôt choisir une couleur, proche d’une forme de boulevard, lorsque la question sociale est résolue, ou du moins, mise de côté pour un temps, quelque chose prend, on rit, on rentre un peu dans l’histoire. C’est toujours ça.
Il aurait peut-être fallu pencher un peu plus du côté de la comédie pour frapper un grand coup. Dommage.