Dans les grandes lignes, la jeune pousse n'invente rien de très nouveau avec son support qui ressemble aux SCPI hexagonales ou à leurs équivalents de fonds mutuels spécialisés dans d'autres pays. Pourtant, la déclinaison entièrement « digitale » qu'elle en fait, qui non seulement capitalise sur les plates-formes de partage en ligne mais emprunte également aux canons de la finance participative, lui procure l'occasion de redonner à ce vieil instrument poussiéreux un coup de jeune susceptible de le démocratiser.
Dans son versant relativement banal, Here propose donc aux consommateurs de placer leurs économies, à partir d'un minimum de 100 dollars, dans les propriétés qu'elle sélectionne, de préférence dans des lieux à haut potentiel touristique, puis qu'elle acquiert, dans le but de les mettre à disposition des visiteurs recherchant une résidence pour leur villégiature sur Airbnb et quelques autres sites similaires. Naturellement, l'entreprise en prend totalement à sa charge la gestion, l'entretien et la maintenance.
Plus original, l'investisseur, bien que conservant de la sorte un rôle passif, est invité, non pas à souscrire des parts non différenciées dans un produit purement financier, mais à acquérir une fraction des biens mis en vente, qui lui sont présentés individuellement, dans tous leurs détails, et parmi lesquels il fait ses propres choix, en connaissance de cause. Son engagement est ensuite matérialisé par des actions d'une société spécifique à chacun d'eux, constituée avec un prospectus dédié (validé par le régulateur).
En contrepartie de sa mise, le propriétaire, qui bénéficie des avantages fiscaux de l'investissement immobilier, se voit verser un dividende trimestriel correspondant aux rentrées nettes des loyers perçus. Par ailleurs, une revente est généralement prévue dans un horizon de 5 à 7 ans (sauf conditions économiques défavorables), pour la récupération du capital. En complément, les fondateurs de Here réfléchissent à la création d'un marché secondaire qui permettrait d'assurer plus de liquidité aux titres distribués.
La startup, elle, se rémunère sur différents fronts. En premier lieu, elle ajoute au prix d'acquisition une commission, dans le même esprit que le fait une agence pour ses efforts de recherche et de qualification. D'autre part, elle facture des frais de gestion annuels, comme n'importe quel fonds d'investissement. Cerise sur le gâteau, elle prend pour son compte une petite portion (au moins 1%) de chacun de ses projets afin de renforcer la confiance de ses clients… et pour profiter des résultats qu'elle espère en tirer.
Pour des personnes disposant d'un peu d'aisance financière, le modèle Airbnb a historiquement créé une immense opportunité d'investissement immobilier, beaucoup plus fructueuse que ce qu'autorise la location traditionnelle, de longue durée. Avec son approche, Here veut maintenant ouvrir ces mêmes avantages à tous ceux qui n'ont pas les moyens de se payer un appartement ou une maison de quelques centaines de milliers de dollars, tout en maintenant un niveau de transparence presque identique…