Le point Godwin. Le fameux point Godwin. L’expression point Godwin désigne le moment où un participant à un débat utilise un argument qui fait référence, de façon plus ou moins prononcée, à Hitler ou au régime nazi. En général c’est quand il est à court d’arguments que l’un des interlocuteurs en cause évoque le nazisme, Hitler ou, pour ce qui concerne les Français, le Maréchal Pétain. Il a donc fallu à Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, une pensée peu profonde pour qu’elle commette un tweet (1) fort peu aimable à l’égard d’Emmanuel Macron devenu sous sa plume, un contempteur du Maréchal condamné à mort en 1946 puis gracié par le général de Gaulle…en mémoire de celui qui avait été son chef.
Pétain adulé pour son rôle pendant la grande guerre est devenu un vieillard qu’on disait sénile mais qui, en vérité, se souvenait très bien d’avoir été ambassadeur de France à Madrid où il devint un admirateur de Franco et du fascisme. Sa Révolution nationale avait pour but de détruire la République. Il fut surtout un calculateur redoutable et devint le chef d’un état sans élection, sans parlement donc sans démocratie. L’entrevue de Montoire où il rencontra Hitler fit entrer notre pays dans « la collaboration » Laval et Pétain ayant fait le pari de la victoire finale de l’Allemagne et donc de la défaite de la Grande-Bretagne. Dans l’esprit du régime de Vichy, il fallait pourfendre le Front populaire et ses droits si chèrement acquis. Sans oublier l’antisémitisme d’Etat, la détestation des partis de gauche, des syndicats, des francs-maçons…les procès iniques fait à Léon Blum, Georges Mandel, Jean Zay et Pierre Mendès France (tous quatre juifs) ainsi que la création des sections spéciales composant une justice d’exception et parfois rétroactive au mépris du respect des règles du droit.
Les historiens ont montré comment Pétain s’accommoda de la présence allemande. La rafle du Vel d’hiv fut un de ces moments tragiques de l’occupation qui vit plus de 13 000 juifs (hommes, femmes, enfants étrangers et Français) de tous âges, arrêtés par la police…française, livrant des personnes qu’on devait protéger à leur bourreau et à la mort puisque seuls 5% d’entre eux revinrent des camps d’extermination.
Dans son discours, hier à Pithiviers, le Président de la République a rappelé ces heures tragiques de notre histoire. Il n’a pas manqué de souligner que les 16 et 17 juillet 1942, « la France a commis l’irréparable » ce qu’avait déjà affirmé Jacques Chirac le 16 juillet 1995 et ce que François Mitterrand refusait de dire, lui qui avait pour ami le sinistre René Bousquet, secrétaire général de la police en cette année 1942.
En fustigeant Emmanuel Macron — que je ne vénère ni exècre — qui, en 2018, rappela le rôle positif du Pétain de 1917, ce qui répond à des faits historiques incontestables, Mathilde Panot, sans doute emportée par la fougue de la jeunesse et le désir vif d’en découdre à toute heure et en tout lieu, n’a pas démontré qu’elle savait se tenir à une distance correcte de l’histoire. Elle a voulu, avec quelle subtilité, associer les collaborationnistes…et l’actuel Président de la République. Cette députée mélenchoniste doit apprendre son « métier ». Présider un groupe parlementaire minoritaire c’est savoir exprimer des convictions et les défendre mais c’est aussi et surtout ne pas commettre de contre-vérités historiques en mélangeant les torchons et les serviettes. Je ne suis pas certain que les membres des autres composantes de la NUPES (PC,PS,EELV) aient beaucoup apprécié la saillie gratuite et somme toute, inutile, de Mme Panot.
(1) « Il y a 80 ans, les collaborationnistes du régime de Vichy ont organisé la rafle du #VeldHiv Ne pas oublier ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui rend honneur à Pétain et 89 députés RN ! »
5:50 PM · 16 juil. 2022·Twitter for iPhone