#OFF22 – Cerebrum

Publié le 18 juillet 2022 par Morduedetheatre @_MDT_

Critique de Cerebrum, de Yvain Juillard, vu le 16 juillet 2022 à 14h25 au Théâtre de la Reine Blanche
Avec et mis en scène par Yvain Juillard

Celui-ci, c’est à la sélection du Magazine Théâtral que je le dois. Je suis souvent friande de ce qui mêle science et création, les deux milieux entre lesquels je navigue au quotidien, alors un spectacle monté par un acteur à la double-casquette de comédien et biophysicien, ça m’intéresse tout de suite – d’autant que je connais l’exigence et la qualité de ce que propose la Reine Blanche, spécialisé dans le mélange art et science.

Je me suis demandée pendant tout le spectacle où j’avais vu ce comédien. Bon exemple de mon cerveau et ses limites, incapable de faire le lien entre le comédien issu d’une formation scientifique qui est devant moi et celui qui campait le roi dans Ça ira fin de Louis (1), estimant sans doute que les deux choses étaient trop éloignées pour créer une liaison neuronale entre ces deux événements.

Si vous n’avez rien compris, c’est normal. Tout devrait s’éclaircir au sortir de la conférence spectacle de Yvain Juillard, ancien biophysicien spécialisé dans la plasticité cérébrale, qui met sa verve de comédien au service de la science pour permettre aux spectateurs de mieux comprendre le cerveau.

Je n’étais probablement pas le meilleur public, m’étant moi-même un peu intéressée au sujet, et connaissant déjà une partie des explications qui nous sont données. Et pourtant j’ai pris un grand plaisir à refaire les expériences, à entendre à nouveau parler des neurones, des synapses, de la réalité perçue et traduite par le cerveau, transformant le monde en illusion. Et qui de mieux qu’un comédien pour nous présenter pareil sujet ?

Entre conférence et spectacle, pas suffisamment ennuyeux pour le premier, pas suffisamment dramatique pour le second, Yvain Juillard invente un troisième genre dans lequel il excelle, comme une conférence augmentée qui brise le quatrième mur pour un partage total des connaissances. Il mêle projections, expériences avec le public et schémas dessinés en direct à même la scène pour transmettre au mieux sa fascination pour cet organe qui nous réunit tous : le cerveau.

Et c’est fait avec tant de simplicité, d’envie et de passion, que même les questions les plus obscures et les plus métaphysiques, immortalité et déterminisme pour ne pas les citer, s’invitent sur scène. Loin de la position du sachant, il veille à ne laisser personne de côté, comme pour créer une illusion commune partagée par l’ensemble des spectateurs. Pour avoir, le temps d’un spectacle, la possibilité d’une même réalité.

A ne pas manquer pour qui souhaiterait en apprendre davantage sur l’organe le mieux protégé du corps humain.