Photo L.V, 2016
"Je vais parfois me promener le long des petites boutiques dans la rue de Seine. Des marchands de vieilleries, de petits bouquinistes, des vendeurs de gravures aux devantures bondées. Personne n'entre jamais chez eux, ils ne font manifestement pas de bonnes affaires. Mais, si on regarde à l'intérieur, on les trouve assis, en train de lire, à l'abri du souci ; ils ne s'inquiètent pas du lendemain, ils ne s'inquiètent pas de la réussite. Ils ont un chien, assis devant eux, toujours de bonne humeur, ou un chat qui accroît encore le silence en effleurant les rangées de livres, comme pour effacer les noms au dos des reliures..."
Extrait de " Les carnets de Malte Laurids Brigge ", 1910. Éditions Gallimard, La Pléiade, 1993 traduction de Claude David.