Critique d’Un dîner d’adieu, d’Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte
Avec Pascal Boursier, Philippe Rolland, Gwénaël Ravaux, mis en scène par Patrick Pelloquet
J’ai découvert Patrick Pelloquet il y a 6 ans, ici même, à Avignon. Son nom avait été beaucoup cité suite à une grande réussite au Théâtre 14 où il avait monté un Eduardo de Filippo, et il présentait un Labiche dans le OFF. J’avoue avoir quelques réticences avec les vaudevilles dans le OFF, ayant déjà essuyé quelques fiascos, mais j’avais envie de faire confiance à ce metteur en scène. C’était absolument unique, totalement délirant, j’ai été conquise. J’ai très envie de retrouver cette force comique unique, grinçante, qui, je pense, peut tout à fait coller au style de Delaporte et La Patellière.
Pierre et Clothilde ont un dîner ce soir, mais ils se rendent compte qu’ils n’ont pas très envie d’y aller. A quoi bon s’obliger à voir des copains si ça ne nous emballe pas plus que ça ? C’est à partir de cette question que se construit la suite : Pierre va s’inspirer de son ami Boris qui lui a appris le concept de dîner d’adieu. Le principe est très simple : tu organises un dîner qui sera en réalité l’ultime dîner en compagnie de ces amis-là, en les choyant un maximum, l’idée étant quand même que les invités ne se doutent pas qu’ils vivent en fait ici leurs funérailles amicales. Et hop, aussitôt dit aussitôt fait, Pierre et Clothilde organisent le dîner d’adieu de Béa et Antoine.
J’étais hyper emballée à l’idée de ce dîner d’adieu. Patrick Pelloquet est un metteur en scene que j’adore et il a le sens de la comédie. J’étais vraiment prête à rire comme jamais, d’autant que ma sélection n’étant pas franchement drôle, cette parenthèse comique ferait du bien. J’étais vraiment dans les meilleures conditions. J’étais un public acquis, en confiance. Vous la sentez venir, la chute ?
Le spectacle commence. Les comédiens entrent en scène, et celui qui joue Pierre lance sa première phrase : « Hé Clothilde ! ». C’est rien comme réplique, même pas une vraie phrase, une interjection, deux mots, vraiment on se dit c’est tout simple. Mais non, ce n’est pas si simple en réalité. Lancer ce « Hé Clothilde » sur le ton de la conversation, la, comme ça, l’air de rien, la simplicité même, c’est un art. Et quinze ans de spectacles m’ont chuchote à l’oreille un petit, un tout petit : « Aïe ! ».
Pas la peine de s’appesantir trop longtemps sur le sujet. J’ai espéré me tromper, peut-être que le comédien n’était pas dedans pour sa première réplique, mais non, rien à faire, il a continué sur le même ton, accentuant chaque mot, exagérant le ton, cherchant à faire rire avant de chercher à incarner son personnage. Et puis je ne dois pas être le bon public pour la pièce de La Patellière et Delaporte. Autant j’aime Le Prénom, qui m’a toujours fait rire, autant ce que j’ai pu voir des deux auteurs depuis ma toujours laissée de marbre. Bref, toutes mes espérances de bidonnage sont tombées à l’eau, et j’en suis sortie triste comme tout. Le comble !
Ce n’était pas un dîner d’adieu, mais bien un spectacle d’adieu pour moi, hélas !