Par Claude Goudron.
La dernière forte inflation remonte à 1980 où elle a atteint 13,6 %. Je m’en souviens car c’est l’année d’achat de ma première maison et le taux d’intérêt s’élevait à 18 %.
Elle a néanmoins fortement décru puisqu’elle est passée à 5,8 % en 1985 pour atteindre progressivement 0,5 % en 2020.
Pourquoi cette baisse régulière ?
La principale raison vient de la Chine. En effet, Alain Peyrefitte l’a très bien prophétisé lorsque en 1973 il a écrit son livre Quand la Chine s’éveillera.
Depuis les années 1990 la Chine est devenue progressivement l’usine du monde. En pratiquant des prix défiant toute concurrence elle a permis la diminution sensible et progressive de l’inflation en Occident.
Mais la vraie inflation est restée sous-jacente et maintenant que nous avons pris conscience du danger de la dépendance de notre économie à la production chinoise, nous voulons rapatrier celle-ci en France avec automatiquement une augmentation des coûts de production, donc un retour à une inflation factuelle.
Le retour à une inflation pérenne
Un premier constat : si elle est accentuée par la guerre de la Russie contre l’Ukraine et par ricochet contre l’Occident, l’inflation s’est accélérée avant l’invasion des troupes russes.
En effet, en janvier de cette année elle avait déjà atteint 3 % en France et plus de 5 % en Allemagne ; en février elle se situait à 3,6 %, c’est dire que son accélération était déjà en route.
Le phénomène inflationniste n’a donc aucune raison de disparaître et même si la guerre s’arrêtait elle resterait à un niveau élevé.
Pourquoi l’inflation va perdurer
J’ai dénombré 6 raisons pour laquelle l’inflation va persister :
- Nous n’entrerons pas dans le même piège avec d’autres fournisseurs à bas coût, le danger étant trop grand d’être dans la même situation qu’avec la Chine. Il faudra accepter une augmentation des prix des produits fabriqués en Europe.
- Indépendamment de la flambée des prix du gaz et du pétrole conséquemment aux mesures de rétorsion prises contre la Russie, ils resteront à un niveau élevé tant que nous en dépendrons pour notre besoin énergétique, d’autant plus que sa fiscalité est en hausse constante.
- Au niveau actuellement atteint, la population n’acceptera pas une telle chute de pouvoir d’achat et, même si ce n’est pas dans son intérêt à moyen et long terme elle réclamera des hausses substantielles de salaire qu’elle obtiendra afin d’éviter une révolte sociale. La boucle salaire/inflation se mettra donc en route avec ses effets bien connus sur une pérennisation de l’inflation.
- La transition écologique qui nous est annoncée indispensable ne peut être qu’inflationniste car d’un coût faramineux.
- Même si la production agricole est relativement moins touchée en France, avec toutes les contraintes sanitaires imposées par l’Europe le rendement sera obligatoirement plus faible et donc les prix plus élevés.
- Enfin, il faudra s’habituer à un prix des matières premières en forte hausse pour deux raisons : leur coût de transport ne peut qu’augmenter et si il faut réouvrir des mines abandonnées ce sera là également avec une augmentation de son prix.
En conclusion
Même en restant optimistes l’augmentation des coûts ne pourra que perdurer au moins quelques années.
Dans le scénario le plus optimiste une inflation d’un minimum de 5 % est à prévoir sur une durée que j’estime entre 5 et 10 ans, le temps, comme pour la voiture électrique, de faire la transition. Et en ce qui concerne la maîtrise de l’inflation, passer du monde actuel à un nouveau monde beaucoup moins globalisé.