Critique de Gueules Noires, de Hugues Duquesne et Kader Nemer, vu le 15 juillet à 13h50 au Grand Pavois
Avec Kader Nemer et Hugues Duquesne, mis en scène par Ali Bougheraba
Ali Bougheraba. C’est l’un des premiers noms que je cherche lorsque paraît la programmation du OFF chaque année. Que ce soit avec l’équipe de Un de la Cannebière, pour du stand up ou comme metteur en scène d’un spectacle d’improvisation, je ne manque jamais ce qu’il propose. Alors, si c’est dans Gueules Noires qu’on peut découvrir son travail cette année, ce sera Gueules Noires. Point.
Gueules Noires s’ouvre sur un éboulement. On est au fond de la mine, il fait sombre – le décor est très réussi – et quelque chose a fait s’effondrer une partie des galeries. Un homme se dégage de sous les pierres. C’est Ahmed, un nouveau mineur. Il est blessé. Il appelle à l’aide mais personne ne vient. Peut-être est-il le seul survivant de l’accident. Mais non, un homme a entendu ses cris. C’est Stéphane, c’est un porion, un chef. Enfermés sous terre en attendant les secours, les deux hommes vont échanger, apprendre à se connaître, partager leurs souvenirs.
Je grince un peu des dents au début de la pièce. Les échanges entre les deux personnages sont brefs, trop brefs, entrecoupés de noirs trop fréquents. L’histoire ne démarre pas vraiment, ils répètent sans cesse les mêmes choses : qu’ils sont coincés, qu’ils vont mourir, qu’ils ont peur. Ils profitent aussi de ce début pour nous en apprendre plus sur les mineurs, mais le texte est trop didactique, trop verbeux, cumule les poncifs. On en perçoit trop les intentions derrière l’écriture et on a du mal à imaginer pareilles phrases dans la bouche de deux mineurs coincés sous terre.
Puis vient cette scène où les deux personnages évoquent leurs souvenirs. C’est d’abord Ahmed qui raconte l’Algérie. Et quelque chose se passe. Tout ce qu’il évoque semble prendre vie sur scène. C’est le vrai début de la pièce, pour moi. Par la suite, même si le texte ne me convainc toujours pas totalement, je m’accroche à cette sincérité que partagent les deux comédiens. Ils sont touchants, parviennent à maintenir un peu de suspens sur la fin qui se rapproche. Mais cette fin, je ne vous la raconterai pas, pas seulement pour ne pas spoiler, mais parce que je ne suis pas sûre de l’avoir comprise. Et le spectacle finit comme il avait commencé.
Le texte pèche et la mordue se noie, heureusement rattrapée à la nage par quelques beaux moments authentiques et sincères.