Après l'accès aux informations des comptes bancaires, tous les agrégateurs européens tentent aujourd'hui de capitaliser sur l'autre fonction « ouverte » par la législation (la fameuse « DSP2 »), à savoir l'initiation de paiement. Là où beaucoup se contentent de proposer un service brut, Tink développe maintenant une solution complète.
Bien que l'expérience ne soit pas idéale pour l'utilisateur final, le recours aux règlements depuis le compte bancaire tels qu'ils sont désormais implémentés par l'industrie comporte des promesses attractives pour les commerçants en ligne, entre traitement instantané et sécurité accrue, en passant par la non répudiation et les coûts réduits. Cependant, en l'état, la concrétisation de ces bénéfices avec les outils élémentaires concoctés par la plupart des fournisseurs exige des efforts d'intégration relativement importants.
En effet, les processus de paiement du commerce à distance ne se réduisent pas à l'acte de transfert d'une somme d'argent du client vers le marchand. Ils impliquent également de réceptionner et contrôler les confirmations de transaction, de réconcilier les acquittements avec les commandes (par exemple pour déclencher l'expédition), de prendre en charge les retours de produits et leurs remboursement (total ou partiel), voire, dans certaines activités, de synchroniser un envoi d'argent avec la réception de fonds.
Ce sont justement ces capacités complémentaires qu'inclut Tink dans son catalogue, par l'intermédiaire de son infrastructure et de ses interfaces programmatiques. Avec ses « settlement accounts », plus besoin pour les développeurs d'une e-boutique de câbler eux-mêmes ces parcours, il leur suffit d'invoquer les APIs spécialisées, qui exécutent les opérations nécessaires sur les comptes ad hoc. Et, pour les entreprises moins avancées techniquement, le tableau de bord de la jeune pousse autorise le suivi adéquat.
Naturellement, le produit de la filiale de Visa (depuis le début de cette année) ne s'adresse pas à tout le monde. Parce que les plates-formes multi-modales embarquent l'initiation de paiement parmi la palette d'instruments qu'elles acceptent (ou devraient le faire à court terme), il conviendra plus aux enseignes qui conçoivent leurs propres systèmes. Elles pourront de la sorte ajouter la nouvelle option plus rapidement et plus facilement, avec une couverture étendue à l'échelle du continent européen.
L'opportunité créée par la DSP2 de substituer un outil plus efficace aux moyens de paiements existants attise les convoitises depuis son entrée en vigueur en janvier 2018. Malheureusement, elle se heurte à divers obstacles et autres freins à l'adoption qui ne sont levés que très progressivement. Avec son initiative, Tink esquive les difficultés les plus urgentes (côté consommateur) mais introduit des arguments de séduction supplémentaires à l'attention des marchands, qui devraient stimuler les déploiements.