Quadragénaire, rappeur et révolté

Publié le 13 juillet 2022 par Raymondviger
Considéré comme une des figures emblématiques de la culture hip-hop au Québec, jouissant d'une notoriété internationale, Monk.E était de passage à Montréal, entre un contrat en Ouganda et un autre au Cambodge.

Lorsque nous l'avons rencontré dans son appartement, il était plus dynamique que jamais : "Tout ce que je crée, mon mouvement, c'est l' alchimiographie et l' alchimiophonie. L'idée, c'est pas juste de faire du graphique et de juste faire de la peinture, c'est de changer le plomb en or par le son, c'est de changer le plomb en or par le visuel. Changer le plomb en or, c'est ressusciter quelque chose, c'est redonner la vie à quelque chose qui est mort.

"Sans qu'on tombe trop dans le mystique, le hip-hop, c'est de l'alchimie complète. Tu prends la casquette de ton père qui n'est pas à la mode du tout, tu la mets sur le côté au lieu de la mettre droite et tu es à la mode. Tu prends un dessous de pont qui est pas cool du tout, où les gens ont peur d'aller et tu le repeins au complet et maintenant tu as les photographes qui vont là pour prendre des photos. Ça devient viral sur instagram. Ça, c'est de l'alchimie."

Nous avons tout de même réussi à retrouver un des trois mousquetaires interviewés par Murielle Chatelier en 2005.

Cultiver son jardin

"Je continue à faire de la musique, à enregistrer des disques. J'avais un projet qui s'appelle Héliodrome. Nous avons sorti un album en 2017 intitulé Le jardin des espèces ", confie Frédéréick Galbrun, aussi connu sous le nom de Khyro, artiste que le journal Voir a qualifié de rappeur vétéran et de poète tourmenté.

Quatorze ans après sa première entrevue avec Reflet de société, Khyro poursuit sa démarche : "Il y a encore un élément de spiritualité dans ma réflexion. La psychanalyse, elle aussi, reste. Le jardin des espèces est d'ailleurs un album fortement marqué par la psychanalyse. "

"Pour moi, une analyse qui est réussie, c'est une analyse qui permet au sujet de créer autre chose", explique Galbrun. Ainsi, il peut explorer des thèmes qui partent du particulier pour tendre vers l'universel, comme la relation à la mère, au père, les peurs d'enfant...

En plus de peaufiner son analyse personnelle, Galbrun s'est beaucoup intéressé au bouddhisme, au soufisme et à la spiritualité orientale. Bref, s'il a évolué, l'homme n'a pas fondamentalement changé depuis 2005.

"Oui, je vais faire de la musique toute ma vie, tant que je peux. Je crois que ça reste pertinent. Faire du rap à 40 ans, c'est particulier", reconnaît-il.

Travailleur social dans la vie de tous les jours, il insiste en riant : "Je suis plus révolté à 40 ans que je l'étais à 16 ans!"

L'intensité

Pour lui, la musique est une nécessité : "Il doit y avoir création pour qu'une intensité latente ou cachée puisse sortir." L'importance de son implication lui confère, quatorze ans plus tard, une autorité morale indéniable : "Même si je ne fais pas d'argent avec ça, même si je ne deviendrai jamais connu, c'est une démarche que je poursuis depuis au moins 1995."

Pour Khyro, en plus de la musique, il y a l'importance du spectacle, de la mise en scène et du voyage qui accompagnent la réception d'un album : "J'ai eu la chance d'aller en Europe avec ce groupe, plusieurs fois en France, en Belgique, en Allemagne, en Suisse. Nous nous sommes fait des amis."

Il conclut : "La musique est une façon d'aller vers l'autre."

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