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Iii – spécial jean paul sartre : l’existentialisme est un humanisme

Par Abdesselam Bougedrawi @abdesselam
III – SPÉCIAL JEAN PAUL SARTRE : L’EXISTENTIALISME EST UN HUMANISME

Bonjour, je suis Abdesselam Bougedrawi, troisième partie de mes articles sur Jean-Paul Sartre. Vous trouverez mes publications sur le site Amazon en effectuant une recherche sur le mot Bougedrawi.

En 1945, devant une nombreuse assistance qui comprenait bon nombre d’intellectuels et d’élite mondaine, Jean-Paul Sartre expliquait sa philosophie majeure, l’existentialisme est un humanisme. Cette conférence a permis la compréhension de la pensée de Sartre, jusque-là essentiellement basé sur des livres strictement hermétiques. En effet, le philosophe proposait des ouvrages d’un abord difficile, avec un jargon que seuls quelques élus avertis avaient la faculté de déchiffrer.

Lors de cette conférence, il vulgarise l’idée maîtresse de sa pensée, en même temps qu’il déclenche la vague existentialiste. En effet, l’existentialisme va hanter les esprits, et s’imposer à toute la pensée d’un grand nombre d’intellectuels à travers le monde. Et ce durant des décennies. L’existentialisme devient le sujet incontournable des discussions dans les rencontres de Saint-Germain-des-Prés.

Cette conférence sera transcrite en texte puis publié. Sartre regrette cette publication parce qu’elle donne une idée simpliste de sa pensée. Mais, quelle est cette pensée enfin de compte ?

Elle tient en une phrase majeure : Chez l’homme l’existence précède l’essence. Par opposition, pour les objets, l’essence précède l’existence.

Pour bien comprendre cette phrase, chez l’homme l’existence précède l’essence, il est important de commencer par les objets.

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Pour les objets, donc, l’essence précède l’existence.

En effet, pour créer un objet tel que le coupe-papier – c’est l’exemple que donne Jean-Paul Sartre – il faudrait d’abord le concevoir. C’est-à-dire, qu’avant de créer l’objet, il faut avoir son concept et sa finalité.

Un concept en philosophie se divise en deux parties :

– Une définition précise de l’objet. C’est sa compréhension

– L’ensemble des objets qui constituent le concept forment son extension.

Le meuble est un concept qui se rapporte à l’ensemble des objets de vie que nous utilisons dans nos domiciles. Les chaises, les tables, les armoires sont des extensions du concept meuble.

Donc, on ne saurait imaginer quelqu’un créer un coupe-papier, un concept, s’il ne sait à quel usage il le destine.

Concevoir un objet de façon précise et définir à quoi il sert, c’est son essence. Sa création et son utilisation, c’est son existence. Concernant le coupe-papier son existence est définitive, elle est codifiée dès le départ. On peut dire donc que pour ce coupe-papier, son essence a précédé son existence. Cela est vrai pour tous les objets, et d’une certaine manière pour les animaux.

Chez l’humain, l’existence précède l’essence.

Jean Paul Sartre qui est athée, ne conçoit pas l’existence humaine conçue d’avance. C’est-à-dire que tout ce qu’il est, tout ce qu’il fera, toute la finalité de sa vie, soit définie bien avant sa création. Il n’y a aucune détermination chez l’homme. Il n’y a aucune finalité, aucun déterminisme, rien n’est dans l’ordre des choses.

Pour le dire d’une manière plus simple, l’homme commence par exister, par construire son existence d’une façon libre. Cette existence n’est pas son essence depuis le début. Elle ne le deviendra que beaucoup plus tard par la suite. Et surtout on peut faire librement le choix de sa propre essence, c’est-à-dire de sa propre nature.

L’homme né libre, il construit sa propre vie, fait ses propres choix, échappe aux conjonctures prédéterminées. Ce qui voudrait dire qu’il n’y a pas de condition préconçue de l’ouvrier, du patron, du prolétaire, du capitaliste, du bourgeois. Ce n’est pas parce qu’on vient au monde bourgeois qu’on devrait se comporter et à agir en bourgeois. En conséquence, il n’y a pas lieu d’imiter les autres et de se croire obligé d’exploiter les prolétaires.

Il n’y a pas, non plus, de condition de prolétaire. Ce n’est pas parce que l’on né prolétaire que l’on doit se comporter comme tel. C’est-à-dire, appartenir systématiquement au parti communiste, ou à des syndicats gauchistes. On peut tout aussi bien avoir des idées de bourgeois par choix personnel. C’est la liberté d’orienter la direction de son existence.

À l’extrême, ce n’est pas parce que les Français étaient sous l’occupation allemande qu’ils devraient cesser d’être libres. Nous n’avons jamais été aussi libres que sous l’occupation allemande, dira Sartre.

Un jeune homme sollicite l’avis de Jean-Paul Sartre. Il voudrait savoir que faire :

– Rejoindre la résistance, avec le risque de mourir, et infliger un deuil à ses parents

– Rester avec ses parents, mais ne pas participer à l’effort de libération de la France occupée par les Allemands.

Jean-Paul Sartre ne lui donne aucune recommandation, il lui demande de construire sa vie lui-même.

Situation et déterminisme

Des critiques acerbes seront opposées à Sartre, essentiellement par le parti communiste. On lui reproche d’occulter l’existence d’une condition de la classe ouvrière, d’une condition des prolétaires exploités par la bourgeoisie. Sartre répond qu’il ne faut pas confondre situation et déterminisme. La situation s’impose à nous, on peut naitre riche, naitre pauvre, naitre homme ou femme. Ceci est une situation, elle n’est pas un déterminisme.

Le fait de naitre femme n’implique pas que l’on doit se comporter comme femme, c’est-à-dire se marier, avoir des enfants… De la même manière, un prolétaire n’est pas tenu de se comporter en prolétaire, il peut très bien aspirer à une vie de luxe et de consommation bourgeoise.

En fait, malgré la situation, il existe toujours la liberté de disposer de son existence. Certaines personnes aliènent leur propre liberté, par conséquent leur situation devient un déterminisme.

Jean-Paul Sartre donne l’exemple du garçon de café.

Être garçon de café, à un moment de son existence, est un statut, un métier, c’est-à-dire une situation. Ce n’est jamais un déterminisme. Mais, il y a une certaine mauvaise foi qui oblige le garçon de café à agir et à jouer au garçon de café. Ses gestes deviennent précis, il devient obséquieux dans la façon dont il sert les clients, dans la façon dont il prend le pourboire. Il transforme son statut en déterminisme en acceptant de n’être rien d’autre, sinon un garçon de café.

Les implications de l’existentialisme

Elles sont nombreuses avec d’innombrables ramifications. En effet, si l’existence précède l’essence, et qu’il n’existe aucun déterminisme, ceci implique qu’il n’y a pas de nature spécifique aux êtres humains. Il n’y a pas de nature prédéterminée de l’occidentale, de l’asiatique, de l’arabe, du juif, du noir… Les grands arguments du racisme n’ont aucune légitimité.

Si ces préjugés existent, c’est parce qu’il y a une mauvaise foi qui fait que l’on finit par épouser sa situation pour en faire une condition de détermination.

C’est par l’abandon de la construction de sa propre existence, l’aliénation de ses propres libertés, qu’une essence artificielle se crée. Une essence de résignation librement consentie qui fait que l’on finit par créer un déterminisme là où devrait y avoir la liberté.

Une pièce de théâtre majeure reprend ce thème : Les mouches. Et c’est ce que nous verrons prochainement.

Je suis Abdesselam Bougedrawi, dans cet article et cette vidéo je vous ai donné les rudiments de l’existentialisme. Le sujet est très vaste, mais avec ce que je vous ai exposé, vous avez la clé qui vous permet d’ouvrir la porte de cette pensée. Je vous remercie pour votre patience et d’ici là portez-vous bien.

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