Douze ans après le lancement par PayPal du paiement par « bump », ING, qui avait déjà tenté l'aventure dans sa filiale américaine en 2011 (avant de l'abandonner un peu plus tard, comme les autres), collabore avec NXP et Samsung pour remettre au goût du jour les échanges d'argent de proximité… grâce à une nouvelle technologie.
Au lieu de capitaliser sur les enseignements du passé, l'expérimentation, planifiée pour le second semestre, aux Pays-Bas, dans le but de recueillir les réactions du public, donne l'impression de repartir de zéro. Ainsi l'objectif visé consiste toujours à faciliter et sécuriser les transferts entre particuliers par une communication directe entre les téléphones des deux correspondants, évitant de la sorte, selon la propagande officielle, de devoir rechercher les informations de contact et risquer des erreurs de saisie.
Qu'y a-t-il de différent dans ce programme, qui permettrait de croire à un succès après tant d'échecs successifs ? En l'occurrence, la promesse repose entièrement sur la solution technique mise en œuvre, qui se vante de garantir une meilleure fiabilité que les méthodes d'autrefois (habituellement à base de géolocalisation). La puce UWB (ultra-wideband) de NXP fournit notamment une indication précise de la distance lors de l'identification d'un appareil proche, de manière à vérifier sa légitimité.
Cet avantage suffira-t-il à convaincre les consommateurs d'adopter enfin le concept ? Il est difficile de l'imaginer, car jamais, me semble-t-il, les difficultés de fonctionnement ne sont ressorties comme un facteur majeur de rejet dans les différentes implémentations précédentes. En revanche, le bénéfice supposé du paiement de proximité est largement exagéré, puisque, dans la plupart des cas, les coordonnées du récipiendaire sont faciles à trouver, dans le carnet d'adresse de l'émetteur, et peuvent être copiées d'un geste ou, mieux encore, être transmises instantanément par l'intermédiaire d'un QR code.
Autre leçon apparemment mal retenue (apprise du paiement sans contact et de son temps d'incubation), le recours à une technologie émergente devient ici un obstacle rédhibitoire, entre disponibilité réduite (sur quelques modèles de téléphones Samsung) et proposition de valeur limitée. Le principe d'un test d'acceptation par les utilisateurs perd de son intérêt quand il n'est accessible qu'aux clients de la banque possédant un téléphone spécifique, sans perspective de généralisation à moyen terme.
Une des dernières incarnations du paiement de proximité, par PayTile, faisait au moins l'effort d'introduire une caractéristique originale d'usage à travers l'anonymat des transactions. Au contraire, cette initiative d'ING et NXP est exclusivement guidée par la mise en œuvre d'un composant électronique, sans aucun recul sur le besoin auquel elle est susceptible de répondre, ce qui est d'autant plus dramatique que l'histoire en abonde. La démarche pourra servir d'exemple à ne pas suivre dans une stratégie d'innovation…