JOUR 1 : Jeudi 23 JUIN
– 4 jours 4 reviews. Installez vous confortablement avec une ou plusieurs mousses. Je vais vous régaler autant que faire se peut –
Putain 3 ans! C’était long. J’ai cru que nous n’y reviendrions jamais. Il aura fallu serrer les fesses jusqu’à la dernière minute comme me le disaient des bénévoles : des changements n’étaient pas impossibles.
À quoi ressemble Clisson trois ans plus tard? Le Hellfest est-il toujours cette extraordinaire messe du métal que nous connaissions avant la pandémie? Va t-on seulement s’y retrouver dans ces magnifiques dédales de vignes qui mènent aux portes de l’enfer alors même que la circulation a été drastiquement contrôlée pour cette 15ème édition? Si le bruit court qu’on ne pourra, désormais, plus circuler dans la ville et aux abords en voiture, la réalité de terrain est bien plus commode. A présent, les routes qui étaient jonchées de voitures pendant la moitié de la semaine stationnent dans un gigantesque parking de 57 hectares aménagé pour l’occasion.
Le trajet se fait dans des navettes gratuites. Ces 57 ha de parking avaient pour objectif de faire cesses les trop nombreuses nuisances pour les riverains.
Le plus grand parking de France ne permet, toutefois, qu’à quelques 15 000 festivaliers de poser leur véhicule. D’après Ben Barbaud, il y a fort à parier que dans les années à suivre le festival agrandira cette espace. Personnellement j’ai trouvé l’organisation hyper pratique, ça ventile bien et pour vous emmener à la gare ou à l’aéroport il y a relativement peu d’attentes par rapport au (très) grand nombre de festivalier.
Votre serviteur va vous retracer la deuxième parti de ce week-end du 23 au 26 juin car cette année le festival se déroule, non pas sur trois mais sept jours! La premier week-end du 16 au 18 juin, puis le second du 23 au 26 juin.
C’est parti!
Côté météo si le premier week-end a connu une chaleur écrasante, ce second week-end démarre assez mal avec une pluie battante le jeudi matin puis, finalement c’est un grand soleil qui vient rougir le teint déjà cramoisi de certains festivaliers présents lors de la première partie. Les pavés autobloquants le long des scènes permettent d’éviter les sabots dans la glaise. Les parterres du site alternent entre herbe bien verte et copeaux de bois et, à part en de rares endroits, Il y a relativement peu de boue.
Coté navigation sur le festival, ça circule bien plus vite qu’il y a plusieurs années au niveau des checks-point de la cathédrale. Pareil pour la partie restauration, non seulement il y a l’embarras du choix mais la cashless évite les interminables comptages de monnaie.
Je vais découper ce compte-rendu en quelques chapitres. Libre à vous de vous infuser la totalité ou d’aller directement à la rubrique qui vous intéresse.
Acte 1. Choisir ses concerts : découverte VS groupes connus
Los disidentes del sucio motel
Pour moi les hostilités démarrent sous la Valley avec les strasbourgeois de Los disidentes del sucio motel. Le combo stoner se montre très « groovy sans être cheesy ». Comprenez par là que ça bouge sans être mielleux. Je découvre une belle ambiance et un son parfaitement efficace. C’est dans une ambiance de zombies de l’apocalypse projetés sur écrans géants avec un bien joli jeu de lumière que le combo fait son office. La reprise de Led Zeppelin « Immigrant Song » fait son effet et le public en redemande. Dommage qu’il n’y eu que 4 titres à se mettre sous la dent.
The Ruins of Beverast
Deux salles, deux ambiances. Les allemands ne font pas dans la joie et la bonne humeur et c’est ça qui est bon! Sur scène tout le monde tire une gueule de dix pieds de long ainsi le ton est donné. Le black metal atmosphérique laisse se dérouler des ambiances lourdes et pesantes. Évidemment pour apprécier il convient d’avoir du temps pour plonger dans cette atmosphère suffocante.
Le combo démarre avec « Ropes into Eden » tiré du dernier album. Sur scène ce titre tient toutes ses promesses, tout est parfaitement exécuté. Et malgré des morceaux de 8 à 10 minutes l’auditoire est embarqué.
Ce long et lourd monolithe va de paire avec la posture du chanteur complètement halluciné, grimaçant au visage torturé qui semble parler tout seul lors de moments instrumentaux. Flippant et malfaisant. J’ai adoré!
Steve Vai
Le dernier album Inviolate chroniqué sur notre site par votre serviteur est bien représenté ce soir tant dans la set liste que dans l’ambiance de ce soir.
C’est un Vai souriant et aérien mais pourtant très rock qui parfois fait penser au Townsend de Terria qui apparait sous un temps bien gris. Il fait frais devant cette MainStage et la pluie n’arrange rien à l’affaire. Et si Vai arbore une bien vilaine moustache à la Steven Tyler sa nouvelle guitare hybride est, quand à elle, splendide! Les mélanges de swip tapping et d’arpeggio s’accordent à merveille avec ce temps pluvieux, conférant à l’ensemble une cohérence sans failles. Chapeau bas à Vai qui parvient à rendre accessible des titres extraordinairement complexes. Quel beau moment.
Whitesnake
Depuis plusieurs années, une question me taraude : quel âge a donc David Coverdale ? Ce bellâtre ne change pas! Crinière abondante, épaules larges et démarches assurées. Qu’on se le dise, en ce tout début de soirée, le britannique est attendue et il y a du monde, beaucoup de monde devant cette Mainstage.
L’intégralité des tubes y passent : « Slide It In », « Fool for your Loving »; « Is this Love ». Pour les personnes qui se le demandent, la machine chevelue derrière les fûts se nomme Tommy aldridge 71 printemps. Le visage ridé comme un vieux gant de cuir, l’homme distribue les coups comme un damné et assène unsolo un peu long mais ô combien efficace, rappelant à la jeune garde les principes fondamentaux du groove! L’immense « Still of the Night » vient conclure – comme à son habitude – un show extrêmement rôdé. A la basse Tanya O’Callaghan qui officiait avec un certain Dee Snider fait un super boulot.
Notons cette ressemblance physique prégnante, le temps passant, entre Coverdale et son guitariste Doug Aldrich.
C’est au bord des larmes que Coverdale quitte l’auditoire totalement acquis à sa cause.
Helloween
Dans cet acte I, je me posais la question de savoir s’il fallait opter pour le choix du coeur ou bien se laisser tenter par des nouveautés. Halloween a résolu le problème pour moi car c’est avec trois chanteur que le combo se présente ce soir. Si la formule n’est pas nouvelle, elle n’en n’est pas moins efficace. Ce soir sont appelés à la barre : Kiske, Hansen et Deris, respectivement chanteurs du combo de Hambourg entre 1984 et aujourd’hui.
Si « Eagle Fly Free » ouvre les hostilités il marque aussi une rupture nette entre l’ère Kiske et Hansen car, qu’on se le dise, le chanteur d’Helloween reste et restera Kiske. Kai hansen est sympathique…quand il joue de la gratte mais ça s’arrête là. Bien sur Deris a aussi un sacré coffre mais, que voulez-vous, la signature vocale de Kiske est là, c’est ainsi.
Toute la set liste des classiques est là : « Dr Stein » ; « Power » ; « Future World » ; « I Want Out ». Le gardien des sept clés est bel et bien incarné désormais par ce synode d’excellents rythmiciens et chanteurs avec cette hydre à trois têtes. Il y avait quelque chose de magique ce soir sur la MainStage.
Scorpions
On y est! La Mainstage est blindée.
Qu’on se le dise ça fait bizarre de voir Mickey Dee derrière les fûts ici. Il faut dire que le cogneur offre au combo allemand une cure de jouvence en amenant un côté plus sec et nerveux aux compos déjà bien huilées.
Comme à l’accoutumée le spectacle est vraiment grandiose : écrans géants et spots lasers sont de la partie. Le scorpion est bel et bien là. Le tandem Schenker/Meine est ultra efficace tant dans le jeu de scène ou chacun couvre tant l’espace géographique que l’espace sonore. J’irais même jusqu’à dire, heureusement que Dee est entré dans l’arène car on aurait presque perdu de vue l’immense boulot de Matthias Jabs aussi bien en rythmique qu’en soliste.
Qu’il s’agisse de titres récents ou plus anciens, tout fonctionne à la perfection. Tout. « Make it Real » ou encore « Peacemaker » entraînent le festivalier dans un rock sec et nerveux, les sirupeux « Winds of Change » ou « Send me an Angel » sont entonnés d’un seul homme (ou femme!) par toute l’assistance qui mange littéralement dans la main de l’homme au béret. N’oublions pas que Scorpions c’est aussi une usine à rock « Big City Nights » avec un show extraordinaire. Les écrans derrière la scène de haut jusqu’en bas retransmettent une gigantesque reproduction de ce que peut être une ville pleine de building, illuminée la nuit.
Le climat est totalement électrique lorsque Phil Campbell vient taper le bœuf avec son ex comparse de Motorhead et on a droit, en clôture de ce concert, à une bien émouvante « cérémonie des cendres » retransmises avec de belles photos de Lemmy. Émouvant. C’est sur le festival préféré que l’immense Lemmy reposera à jamais, ses cendres déposées au pied de la nouvelle structure de 5 tonnes d’acier à son effigie qui trône sur le site.
Wardruna
Quelle énigme. Six musiciens sortis d’un vortex. Angoissant et planant, voilà ce que je retiendrai de cette prestation attendue par bon nombre de festivaliers. Étrange mais résolument dans l’esprit métal. Ambiance vaporeuse jeu d’ombre et de lumière. Les musiciens communient ensemble, les yeux fermés, pieds nus, dans l’obscurité. Si la musique folklorique peut parfois être surjouée, ce n’est ici, pas du tout le cas. L’ambiance est dense. Il y a quelque chose de puissant qui se dégage d’Einar Selvik. On a du mal à croire que celui-ci officia dans Gorgoroth, qui pour le coup, n’évolue pas dans les mêmes sphères.
À l’annonce du planant Helvegen les poils se dressent sur les bras « une chanson qui parle de la mort, du fait de mourir et de voir une dernière fois ceux qu’on a aimé ». Selvik se pose résolument en maître de cérémonie à tout point de vue. Une osmose parfaite avec tous les musiciens lui permet de contrôler la scène. Il est d’ailleurs impressionnant de constater que les cinq autres n’ont d’yeux que pour lui. On a assisté à un très grand moment de poésie ce soir. De mon point de vue, l’un des trois évènements de cette 15ème édition vient d’avoir lieu.
Il est 2h du matin. Il va falloir ne pas trop exagérer sur la boisson car les trois prochaines journées s’annoncent extrêmement chargées. Un Jack-coca et dodo.