Ricky Ford Quartet fait vibrer le Sunside

Publié le 29 juin 2022 par Assurbanipal

Ricky Ford par Juan Carlos HERNANDEZ

Paris, Ile de France, France

Samedi 25 juin 2022, 20h30

Concert de sortie de l'album

" The wailing sounds of Ricky Ford "

Ricky Ford: saxophone ténor

Mario Canonge: piano

Michel Zenino: contrebasse

John Betsch: batterie

Lectrices raffinées, lecteurs distingués, vous avez noté sur ce blog une chronique de concert de Ricky Ford en trio, sans contrebasse, au Sunset en février 2022. En juin 2022, le voici de retour, un étage plus haut, au Sunside et en quartette.

La salle est pleine à craquer. Le quartet commence par " Ricky's Bossa ". Cf vidéo sous cet article. Effectivement, c'est un rythme de Bossa Nova. Avec le son chaud & viril de Ricky Ford au sax rénor. La rythmique tourne impeccable. Sur un air brésilien, le Martiniquais Mario Canonge est à son aise. John Btesch ponctue finement aux baguettes. Michel Zenino impulse grave. Ca ne joue pas comme Stan Getz. Ca sonne Noir. Beau dialogue contrebasse & batterie ponctué par le piano. John Betsch casse du petit bois. C'est clair, net et précis.

Ricky Ford reconnaît l'influence de Rahsaan Roland Kirk (1935-1977) sur le choix de son instrument (Rahsaan, lui, refusait de choisir). Une composition de Rahsaan, " Rip, Rig and Panic ". Début Free Jazz avec un gros son de sax ténor. Le batteur frappe aux baguettes, la contrebasse vibre sous l'archet, le pianiste arpège brutalement. Le chaos s'organise tout en restant puissant. C'est bien du Rahsaan Rolnd Kirk. Ca décrasse les tympans et secoue le cerveau. Le son du sax ténor ondule comme un serpent à sonnette. La rythmique chauffe du feu de Zeus!

Ricky Ford annonce qu'ils vont calmer le jeu. En jouant " ( Imagine my) Frustration " ( Duke Ellington). Cf extrait audio au dessus de cet article. Une ballade langoureuse à souhait. John Betsch aux balais. Ricky Ford a un gros son de sax ténor, à la Dexter Gordon. La frustration est élégamment exprimée.

" That red clay " basé sur un poème de Lanston Hugues (1901-1967). Un morceau énergique. John Betsch a repris les baguettes pour un air de calypso. Parfait pour l'Antillais Mario Canonge. Ricky Ford sonne maintenant à la manière de Sonny Rollins. Normal pour une calypso. Solo de piano caribéen en diable de Mario Canonge. La rythmique chauffe tellement dur que Ricky Ford quitte la scène pour prendre une pause. Il revient sur scène jouer. Je bats la mesure du pied droit.

PAUSE

" We love You Ricky " s'exclame une spectatrice enthousiaste.

Un morceau qu'on ne présente pas explique Ricky Ford. En effet, je reconnais un classique de la chanson française " A Paris " de Francis Lemarque (1917-2002), Géant de la chanson française du XX° siècle. Ricky le joue intensément. Batteur aux balais. C'est une valse. Mario Canonge sait aussi jouer le piano romantique échevelé. Bien soutenu par contrebasse et batterie.

" Nous avons 1000 demandes pour une chanson de Charles Mingus " dit Ricky Ford qui jouait avec Mingus il y a 50 ans. " Goodbye porkpie hat " sublime ballade de Charles Mingus (1922-1979) dédiée à Lester Young (1909-1959). Extrait de l'album " " (1959) indispensable à toute discothèque de Jazz. John Betsch aux balais pour cette ballade sublime. Ricky Ford joue avec intensité et tout en douceur. La contrebasse vrombit comme il faut. Ricky Ford n'a pas la souplesse féline de Shafi Hadi qui joue sur l'enregistrement original mais il a le feeling, c'est certain. Premier solo de Michel Zenino à la contrebasse. Normal sur un thème de Charles Mingus. Il reste fidèle au thème. Ca vibre bien tant pour les oreilles que pour le ventre. Dans le solo final de Ricky Ford, je reconnais un autre thème de Charles Mingus dont le titre m'échappe. Plus énervé. Retour au thème pour le final avec roulement de tambours aux maillets.

" Passion Dance " ( Mac Coy Tyner). Un morceau qui porte bien son titre tant il dégage l'énergie du feu sacré. Batteur aux baguettes. La rythmique chauffe dur. Le sax ténor plane au dessus. Joe Henderson (1937-2001) le joue dans l'enregistrement original sur l'album " The real Mac Coy ". Un thème de pianiste. Mario Canonge se régale et nous aussi. Contrebasse et batterie ajoutent du charbon dans la fournaise. Ca déménage, sapristi!

Voyage dans un endroit très éloigné nous annonce Ricky Ford. " Isfahan " inspiré à Duke Ellington par un voyage en Orient. Extrait de la " Far East Suite ". Une ballade onctueuse, sensuelle dont Duke Ellington avait le secret. Batteur aux balais. Chez le Duke, le solo revenait à Johny Hodges (sax alto). Ce soir, le sax ténor est langoureux à souhait. Les notes s'étirent comme les muscles d'un chat au réveil. En douceur mais non sans énergie. Solo inspiré du pianiste soutenu par ses 2 complices de la rythmique. Solo de ténor sans accompagnement tout en douceur pour finir en laissant glisser les notes.

Un standard. Tout en souplesse. Archi connu mais le titre m'échappe. Vient d' Art Blakey & The Jazz Messengers. Du hard bop. Le batteur distribue les pains. Le piano vrombit sous les doigts de Mario Canonge. Une petite cadence finale pour terminer en beauté et en rythme. Derniers mugissements du sax ténor.

La photographie de Ricky Ford est l'oeuvre du Passionné Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette oeuvre sans autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales .