L’action, qui commence aux Saintes-Maries-de-la mer se passe surtout dans un pays que l’auteur nomme Austrasie par pure convenance, car sa capitale est Vienne : on y parle allemand et la famille impériale est décimée par des deuils, dont une double mort à Mayerling. C’est dire que l’on est en Autriche et que l’auteur donne sa version très personnelle des drames qu’a réellement connus la dynastie des Habsbourg. Le livre a été écrit en 1910, alors que l’empereur François-Joseph (François tout court dans le texte) régnait encore et que ces deuils étaient tout récents, ce qui expliquerait la très relative pudeur de l’auteur. De Paris à Vienne, les meurtres se succèdent. La famille d Austrasie est frappée par une malédiction. Dans l’ombre, une main implacable assouvit une vengeance que rythment de maléfiques horloges, entretenues par une mystérieuse confrérie.
C’est une histoire de vengeance et de mort, une histoire terriblement sanglante. L’assassinat qui constitue le prologue du livre n’est qu’un aspect, presque secondaire, de l’intrigue. Mais si le feuilleton ne compte plus les invraisemblances, si l’auteur a recours à tous les artifices les plus classiques du genre : sosies, portes secrètes, déguisements, talents extraordinaires des héros, il faut reconnaître que l’histoire est remarquablement construite, se développe de façon à soutenir constamment l’intérêt du lecteur et que les épisodes s’emboîtent parfaitement les uns à la suite des autres.
La Reine de Sabbat est aussi un roman à clé. La famille impériale d'Autriche se reconnaît sans peine. L'empereur François [François-Joseph] et l'impératrice Gisèle [Elisabeth] ont pour fils unique l'Archiduc Adolphe [Rodolphe] qui a pris pour maîtresse la jeune baronne d'Aquila [Mary Vetsera] à qui il a fait croire qu'il divorcerait pour faire d'elle son impératrice. Le cocher siffleur Schlick [Bratfisch] conduit la baronne à Mayerling où se déroule une partie fine où ont été conviés deux amis du prince, deux dames de petite vertu et une danseuse célèbre connue pour sa danse de Salomé. Au cours de la soirée, la baronne assassine l'archiduc Adolphe et lui coupe la tête avant de la placer sur un plateau d'argent. Elle se suicide ensuite en se tirant une balle dans la tête.
Mary Vetsera en Salomé. On connaissait déjà la version de l'émasculation de l'archiduc Rodolphe. La fertile imagination de Gaston Leroux est pleinement á l'oeuvre dans ce roman noir à l'intrigue complexe. Mary Vetsera en coupeuse de tête ! On n'en finit pas de découvrir les différentes versions du drame de Mayerling !
Rodolphe. Les textes de Mayerling
Les diverses versions du drame de Mayerling sont présentées dans le recueil Rodolphe. Les textes de Mayerling (BoD, 2020)Texte de présentation (quatrième de couverture): Suicide, meurtre ou complot ? Depuis plus de 130 années, le drame de Mayerling fascine et enflamme les imaginations, et a fait couler beaucoup d'encre. C'est un peu de cette encre que nous avons orpaillée ici dans les fleuves de la mémoire : des textes pour la plupart oubliés qui présentent différentes interprétations d'une tragédie sur laquelle, malgré les annonces répétées d'une vérité historique définitive, continue de planer le doute. Comment s'est constituée la légende de Mayerling? Les points de vue et les arguments s'affrontent dans ces récits qui relèvent de différents genres littéraires : souvenirs de princesses appartenant au premier cercle impérial, dialogue politique, roman historique, roman d'espionnage, articles de presse, tous ces textes ont contribué à la constitution d'une des grandes énigmes de l'histoire.
Le recueil réunit des récits publiés entre 1889 et 1932 sur le drame de Mayerling, dont voici les dates et les auteurs :
1889 Les articles du Figaro1899 Princesse Odescalchi1900 Arthur Savaète1902 Adolphe Aderer1905 Henri de Weindel1910 Jean de Bonnefon1916 Augustin Marguillier1917 Henry Ferrare1921 Princesse Louise de Belgique1922 Dr Augustin Cabanès1930 Gabriel Bernard1932 Princesse Nora FuggerLe dernier récit, celui de la princesse Fugger, amie de la soeur de Mary Vetsera, est pour la première fois publié en traduction française. Il n'était jusqu'ici accessible qu'en allemand et en traduction anglaise.Luc-Henri Roger, Rodolphe. Les textes de Mayerling, BoD, 2020. En version papier ou ebook.Commande en lignechez l'éditeur, sur des sites comme la Fnac, le Furet du nord, Decitre, Amazon, Hugendubel, etc. ou via votre libraire (ISBN 978-2-322-24137-8).In Italia via Amazon.itCliquer ici pour lire un extrait