Zaï Zaï Zaï Zaï // De François Desagnat. Avec Jean Paul Rouve, Julie Depardieu et Ramzy Bedia.
Et si demain oublier sa carte de fidélité dans une grande surface pourrait vous conduire à devenir l'ennemi public numéro un ? C'est là tout le sujet de Zaï Zaï Zaï Zaï, adapté d'une BD (excellente d'ailleurs) qui nous plonge dans une dystopie de l'absurde. Difficile d'adapter le produit original et quand on le met de côté on passe un très bon moment. La première partie du film est la plus intéressante, la plus aboutie et la plus efficace quand la seconde peut laisser parfois l'impression que le temps qui passe est très long. La situation absurde de la carte de fidélité et du poireau comme arme face à un vigile et une caissière est un point de départ assez délirant qui suggère que l'on va passer un bon moment. La société à moitié dystopique que l'on nous présente n'est pas sans rappeler finalement celle dans laquelle nous vivons. Il y a quelque chose de satirique et de comique qui fonctionne dans ce sens. L'uniformisation des comportements ou encore la paranoïa créée de toute pièce par les médias sont des éléments de notre société poussés à leur paroxysme. Le film est assez cohérent dans son délire si l'on suit le récit sans décrocher et c'est presque un pur bonheur.
Fabrice, acteur de comédie, réalise qu'il n'a pas sa carte de fidélité alors qu'il fait ses courses. Malgré la menace d'un vigile, il parvient à s'enfuir. Commence alors une cavale sans merci, pour celui qui devient rapidement l'ennemi public numéro 1. Alors que les médias s'emparent de l'affaire et que le pays est en émoi, le fugitif, partagé entre remords et questions existentielles, trouve un point de chute inattendu, quelque part en Lozère.Le comique a tellement de genre différents que l'on peut en faire tout ce que l'on veut. C'est la volonté de François Desagnat ici qui s'amuse de tous les codes afin d'en construire une aventure rocambolesque. L'une des critiques les plus amusantes est probablement l'interview des voisins qui ne font que répéter les phrases du journaliste, faisant le miroir de l'emballement de la vindicte publique. C'est aussi absurde que bête mais cela fonctionne. Et ce n'est pas la seule situation du genre puisque Zaï Zaï Zaï Zaï est truffé d'idées qui permettent justement de critiquer de façon sous-jacente la société dans laquelle nous vivons. Il y a aussi l'adepte de la théorie du complot qui à partir d'un petit détail va se conforter dans sa théorie fumeuse. Quand on regarde Zaï Zaï Zaï Zaï on voit finalement notre monde et ce que nous vivons dans un voyage en absurde. C'est étonnant et assez réussi dans son ensemble. Jean Paul Rouve que j'aime beaucoup s'en sort très bien même si je n'aurais peut-être pas fait ce choix de comédien. Mais dans le rôle de monsieur tout-le-monde, il s'en sort bien et permet aux spectateurs de se retrouver un peu en lui.
Note : 7/10. En bref, un voyage dans l'absurde d'une société à moitié dystopique. Amusant.
Sorti le 23 février 2022 au cinéma - Disponible en VOD