La guerre des talents est mondiale

Publié le 03 juillet 2022 par Patriceb @cestpasmonidee
NAB, qui, comme beaucoup d'autres institutions financières dans le monde, désire réinternaliser ses compétences informatiques après des années de recours à des prestations en tout genre, se heurte désormais brutalement à des difficultés de recrutement, dans un marché local de l'emploi extrêmement tendu. Alors elle ouvre ses horizons…
Outre le besoin impératif de reprendre le contrôle sur sa technologie dans le contexte de la mutation « digitale » de ses métiers, NAB a également quelques chantiers majeurs en cours, dont notamment l'intégration de plusieurs acquisitions récentes. Or toutes les industries connaissent aujourd'hui une évolution similaire et la bataille pour les talents qui s'ensuit est d'autant plus féroce que l'Australie enregistre, dans le sillage de la crise sanitaire, un sérieux déficit de travailleurs (le flux net s'élève à 88 000 sorties en 2021).
À ce jour, la banque a 700 postes à pourvoir et elle a annoncé qu'elle espérait renforcer ses équipes informatiques de 1 500 personnes sur l'année. Mais elle est convaincue qu'elle ne pourra satisfaire l'ensemble de ses exigences sur son territoire. Elle a donc entamé une nouvelle stratégie, consistant à déployer des implantations dans des pays étrangers. Elle a commencé par reprendre en propre un centre d'innovation qu'elle déléguait à un partenaire au Vietnam et s'apprête à répliquer le principe en Inde.
Le mouvement rappellera une tendance déjà observée par le passé, quand certains grands groupes créaient leurs pôles d'externalisation en Inde, en réponse à la vive concurrence qui secouait alors ces activités. La référence n'est guère flatteuse car ces tentatives n'ont généralement pas produit d'excellents résultats, mais la différence maintenant est qu'il n'est plus vraiment question de délégation de service à une entité tierce mais bien d'enrichir les effectifs de la banque avec des employés internationaux.

En pratique, le modèle se rapproche donc plus de celui que mettent en œuvre les géants technologiques, qui n'hésitent pas à s'installer partout où il existe un réservoir d'expertises qu'il leur est possible d'exploiter. Malheureusement, dans cette perspective, l'approche relativement traditionnelle de NAB, avec sa structure formelle, risque de paraître un peu timide et, par conséquent, moins attractive en comparaison des facilités qu'autorisent souvent ces entreprises (par exemple en matière de télétravail).
Toujours est-il que la compétition du recrutement est dorénavant mondiale, ce qui aura deux implications complémentaires pour tous les acteurs. En premier lieu, il va falloir prendre en considération cet environnement étendu et rendre les propositions d'emploi toujours plus séduisantes face à une offre décuplée. Ensuite, dans tous les pays où la pénurie fait rage, il va falloir apprendre à rechercher les perles rares là où elles se trouvent… et à se plier à leurs attentes en ce qui concerne les conditions de travail.
En arrière-plan, les départements informatiques des institutions financières, qui essayent de revenir progressivement à leurs habitudes d'avant la pandémie, vont devoir réviser en profondeur leurs modes de fonctionnement. À défaut, c'est un handicap supplémentaire qui s'ajoutera à leurs difficultés existantes sur la voie de la « digitalisation ».