Cette équipe de scientifiques allemands est partie à la recherche d’ADN viral, du virus monkeypox, dans les chambres de patients atteints. Si l’identification d’ADN viral et la contamination de certaines surfaces par cet ADN viral ne prouve pas que l’infection peut se produire après contact avec les surfaces contaminées, les chercheurs n’excluent pas l’hypothèse d’un risque d’infection nosocomiale et engagent à une désinfection régulière des points de contact fréquents des mains et de la peau des patients atteints.
Le monkeypox humain (MPX) est une maladie zoonotique causée par le virus « MPXV », caractérisée par un tableau clinique proche de la variole. Endémique dans certaines régions d’Afrique centrale et occidentale, le monkeypox n’est pas une maladie à déclaration obligatoire dans l’UE. De 2018 à fin 2021, 12 cas de MPXV associés à des voyages ont été signalés en dehors de l’Afrique. Depuis 2022, pour la première fois, de nombreux foyers ont été signalés dans les États membres de l’UE et dans le monde, et à ce jour près de 500 cas ont été répertoriés en France.
Le virus Monkeypox est un virus à ADN double brin enveloppé du genre orthopoxvirus de la famille des Poxviridae. Comme tous les « poxvirus », le monkeypox présente une résistance extraordinaire au séchage, une grande tolérance à la température et au pH par rapport aux autres virus enveloppés.
Ces caractéristiques favorisent considérablement sa persistance dans l’environnement.
Les matériaux provenant de patients infectés (par exemple, des croûtes dermiques) ou des fomites (par exemple, du linge de lit) peuvent rester infectieux pendant des mois, voire des années. Cependant, les poxvirus sont sensibles aux désinfectants.
La période d’incubation du MPX est généralement de 6 à 13 jours mais peut aller de 5 à 21 jours. L’infection au monkeypox humain se présente souvent avec une combinaison des symptômes suivants : fièvre, maux de tête, frissons, épuisement, asthénie, gonflement des ganglions lymphatiques, douleurs dorsales et douleurs musculaires. Généralement, dans les trois jours suivant l’apparition de ces symptômes, se produit une éruption cutanée qui commence à partir du site de l’infection primaire et se propage rapidement à d’autres parties du corps. Ces lésions progressent, généralement en 12 jours, simultanément du stade de macules à papules, vésicules, pustules, croûtes, avant de tomber. Pour la plupart des patients atteints, le MPX est une maladie spontanément résolutive, qui dure de 2 à 4 semaines avant un rétablissement généralement complet.
On sait que le monkeypox se transmet par transmission zoonotique et des infections ont été signalées après transmission interhumaine, cette étude a évalué le risque de transmission par contact avec des surfaces contaminées.
Un échantillonnage méticuleux dans les chambres des patients
Les chercheurs ont effectué différents prélèvements dans de multiples sites des chambres de 2 patients contaminés, et des pièces adjacentes de l’hôpital, dans lesquelles le personnel hospitalier mettait et enlevait son équipement de protection individuelle (EPI). La contamination avec jusqu’à 105 copies virales/cm2 sur des surfaces a été estimée par PCR et le virus a été isolé avec succès des surfaces avec plus de 106 copies. En synthèse, l’analyse constate que :
toutes les surfaces touchées par les patients présentent une contamination virale ;
- les charges les plus élevées sont détectées dans les salles de bains ;
- les surfaces en tissu tels que les serviettes, les blouses ou les taies d’oreiller utilisées par les patients présentent également une contamination virale.
Contamination virale n’est pas forcément synonyme de risque infectieux : les auteurs soulignent qu’il n’existe actuellement aucune donnée précise sur la dose de virus pouvant entraîner une infection par le monkeypox chez l’Homme : « en dépit d’une contamination élevée avec jusqu’à 105 cp/cm2 ainsi que la récupération réussie du virus jusqu’à un total de >106 copies, nos résultats ne prouvent pas que l’infection peut se produire par contact avec des surfaces contaminées ». Enfin, la détection d’ADN viral par PCR ne signifie pas obligatoirement, et d’une manière générale, qu’il existe un risque infectieux.
Néanmoins, une prévention rigoureuse s’impose : la prévention de la propagation du virus à partir de patients symptomatiques doit néanmoins rester rigoureuse. Les chercheurs soulignent l’importance de la désinfection régulière des points de contact fréquents des mains et de la peau pendant les processus de soins, du nettoyage régulier des chambres, et de la désinfection des surfaces à l’aide de virucides afin de réduire le risque de transmission nosocomiale.
Sources :
- EuroSurveillance June 2022 Evidence of surface contamination in hospital rooms occupied by patients infected with monkeypox, Germany
- ECDC Monkey Pox Factsheet for health professionals on monkeypox
- Santé Publique France Cas de variole du singe en France au 30 juin 2022