qui vont s’offrir des couvertures à la foire.
«La sérénité, ça ne s’achète pas, te disais-je,
et les gens sont dans une solitude pareille
à deux cargos noirs ancrés
l’après-midi dans un port de province».
C’est après que nous nous sommes aimés, comme les manchots des trains,
dans leur monde à part, incendiés par la foule maladroite.
Puis tu as disparu, comme ça se fait, en douce.
Un crépuscule visqueux traînait dans les rues.
On entendait un disque on ne savait d’où.
La voix tombait, montait, tombait, montait,
comme un homme ivre, pressé, titubant.
Le type de la rue d’en haut dont la femme,
disait-on, était morte, et la fille de la folle.
Des chansons fatiguées sont tombées, par terre sans doute, se brisant
comme du verre jeté par un voleur.
Comment puis-je faire encore un poème sur toi ?
Il faut des mots oubliés
comme la robe que tu jetas
la dernière année du lycée, devenant femme.
Il faut des pierres primitives, sauvages. Et moi
je ne suis pas marin, pour chercher sur les côtes.
Et puis les pierres, je n’y connais rien.
***
Yòrgos Markòpoulos (né à Messini, Grèce en 1951) – Traduit du grec par Michel Volkovitch.