« Je travaille dans une usine de Villacoublay, à 20 kilomètres de chez moi. Je me lève à 6 heures du matin et je rentre à 8 heures le soir ; le dimanche c’est le jour du sommeil. J’oublie l’écoeurante semaine autant qu’il m’est possible. » Celui qui écrit ces mots en 1952 est né en 1890, à Montdidier dans la Somme. Il s’appelle Maurice Blanchard, dont Pierre Peuchmaurd écrit une « vie supposée ». Une enfance où Maurice Blanchard fait l’expérience de l’humiliation. Puis il part, à pieds, à Toulon. L’auteur de cette « vie supposée » y voit un départ comme celui de Rimbaud pour Douai. Et il y a eu des guerres. Il était aviateur. Il avait publié son premier livre en 1934. Guerrier sans doute, mais il dit écrire pour ne pas se tuer. Combattant, oui, et sans concession aux modes, aux engagements de complaisance. Quelques poètes l’ont reconnu. Il était de ceux qui écrivaient dans La Main à Plume, en 1941. Surréaliste oui, mais pas de compromission. Pas d’espoir non plus.
Je ne peux que vous y renvoyer, à ce texte de Pierre Peuchmaurd, un texte qui nous le présente vivant dans le combat entre la lumière et l’ombre. « Le poète n’est rien », écrit Maurice Blanchard, « ce qu’il cherche est tout ». Il meurt en 1960, très peu connu. L’est-il plus aujourd’hui ? Ce livre, paru fin 2019, devrait le faire connaître. La présentation qu’en fait Pierre Peuchmaurd est suivie d’un choix de textes (de 1934 à 1957). Le désir de lire ces textes est très fort, vous verrez.