Vivre ce n’est pas vivre
la gorge nouée face au miroir,
sur le plancher des vaches
enceintes poussées vers l’abattoir
Vivre ce n’est pas comme
avoir toutes les nuits été rêvé
par l’immanence des oracles,
par une pucelle aux yeux délavés
J’étais né au pivot de l’automne
pour me baigner dans la fange salutaire
de l’amour et de l’amitié, puis vieillir
avec les refuzniks de tout inventaire
Me voilà nu sur le toit, un pinceau de lune
titille mon âme désossée,
ma verge témoin des joyeux naufrages,
mourir ne sera pas ma dernière pensée
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Henri Abril (né à Mataró, Espagne, en 1947) – Ratures et dérades (La Nerthe, 2022)