Les pommes de terre, René Lovy les sculpte et laisse la nature faire. Elles ont forme de visage humain et sèchent selon le temps qu’il fait et selon le temps qu’elles durent. Il les photographie, les expose (voir photo ci-dessous), comme on fait des portraits. Thomas Vinau leur donne la parole : elles disent « je », « nous ». Et parfois l’une d’elles affirme : « l’humus / façonne l’humain / à la main ».
Je pense à Henri Cueco, et son Journal d’une pomme de terre : « J'entreprends de réaliser le portrait d'une pomme de terre. Le modèle est posé sur une table, moi, face à lui, bien décidé à tenter l'aventure du "portrait d'après nature". »
Je pense aussi à Serge Paillard dessinant et brodant des pommes de terre.
Mais je reste pétrifié devant ces figures et les mots qui les accompagnent :
« Protège ma laideur / comme un enfant »
et, plus loin :
« Bien sûr / que nous avons / mal / / Tous / / Il n’est pas / la plus petite / existence / qui ne soit indigne / de souffrir »