Les grands singes au bord de l’extinction

Publié le 26 juin 2022 par Albert @albertRicchi

La journée mondiale des grands singes du 24 juin a été l’occasion de rendre hommage à cette famille de mammifères à laquelle appartient Homo Sapiens et, surtout, de rappeler les menaces qui pèsent sur la quasi-totalité des espèces qui la composent.

Pour ce faire, l’association « Initiative pour le Progrès et la Protection de l’Environnement » à travers son club CPN Gorilla, mène ses activités de sensibilisation dans des écoles se trouvant dans les agglomérations du Parc national des Virunga (PNVi). Elles permettent aux élèves de découvrir les animaux que les écosystèmes congolais abritent...

Les grands singes sont nos lointains cousins, rappelant ainsi que notre espèce - Homo Sapiens - a un ancêtre commun avec eux. D’ailleurs, certains d’entre eux partagent 98 % de notre patrimoine génétique. En réalité, l’homme fait partie de cette grande famille des hominidés mais il est le seul à ne pas être considéré comme menacé d’extinction.

Des primates au bord de l’extinction

Les grands singes se distinguent des autres singes par l’absence de queue et une dentition particulière.

  • En Afrique : des gorilles, des chimpanzés et des bonobos
  • En Asie : des orangs-outans et des gibbons. Ces derniers appartiennent en fait à la famille des hylobatidés, considérée le plus souvent comme faisant partie des grands singes

Comme de nombreux autres primates, et notamment les lémuriens de Madagascar dont 95 % des espèces sont menacées, les grands singes sont eux aussi dans une situation alarmante.

Les gorilles, par exemple : les deux espèces - le gorille de l’Est et le gorille de l’Ouest - sont en danger critique d’extinction, dernier stade avant la disparition à l’état sauvage. Seule une sous-espèce de l’Est - le gorille des montagnes (Gorilla beringei beringei) - a vu sa situation s’améliorer tout récemment, en passant dans la catégorie « en danger » de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) .

La famille des orangs-outans ne se porte guère mieux. Les trois espèces - orang-outan de Bornéo, orang-outan de Sumatra et orang-outan de Tapanuli - sont elles aussi en danger critique.

Quant aux bonobos et aux chimpanzés, de proches cousins séparés par l’évolution et le fleuve Congo il y a environ 1,5 million d’années, la situation est également préoccupante. Les bonobos sont en effet en danger d’extinction et leur population, estimée à 20 000 individus, continue de décliner. Le chimpanzé est lui aussi en danger et sa population serait passée de 2 millions d’individus au début du 20ème siècle à seulement 340 000 aujourd’hui.

Les principales menaces

Pour comprendre comment la situation des grands singes a pu se détériorer à ce point en l’espace de quelques décennies, nul besoin de chercher bien loin. Toutes les principales menaces qui pèsent sur ces espèces ont un point commun : elles sont causées par la main de l’homme.

Le braconnage

En tête de liste pour les espèces d’Afrique, se trouve le braconnage. Le plus souvent, ces singes sont chassés pour leur viande. La viande de brousse, comme on l’appelle, est très répandue sur les étals des marchés et représente pour une part importante de la population l’une des principales sources de protéines. Rien que dans le bassin du Congo, où vivent des gorilles, des chimpanzés et des bonobos, on estime que 5 à 6 millions de tonnes de viande de brousse sont consommées chaque année.

Les gorilles, et surtout les grands mâles, sont également tués pour certaines parties de leurs corps comme le crâne, les crocs, les os ou encore les mains. Elles sont ensuite transformées en objets décoratifs ou en souvenirs pour les touristes.

Enfin, les braconniers tuent parfois les adultes pour récupérer les petits et les revendre en tant qu’animaux de compagnie. Cette menace touche particulièrement les chimpanzés et les gibbons.

La déforestation

Parmi les pires menaces pensant sur les grands singes se trouve également la déforestation. La forêt est l’unique habitat naturel dans lequel vivent ces primates. Ils y trouvent de la nourriture, un abri pour élever leurs petits et ils ne pourraient survivre sans elle. Or, le développement des cultures, des activités minières et les coupes de bois empiètent de plus en plus sur leur milieu.

En République démocratique du Congo, les ravages des exploitations forestières et minières sur la forêt tropicale ne sont plus à prouver. Extraction des sols, abattage des arbres, pollution des rivières, construction de route et d’habitation pour les ouvriers… autant d’habitat perdu pour le gorille des plaines de l’Ouest.

L’extraction du coltan minéral est particulièrement problématique. 70 % à 80 % de l’offre mondiale provient de République démocratique du Congo dont les sols sont riches en minerais. A quoi sert le coltan ? De son vrai nom colombite-tantalite, ce minerai est riche de deux matières : le tantale et le niobium. Le tantale est un métal qui présente une grande résistance dans le temps, un anti-corrosif utilisé notamment dans les téléphones portables.

Autre fléau bien connu, les plantations de palmiers à huile. Après avoir décimé les forêts asiatiques et notamment à Bornéo, l’industrie s’attaque à l’Afrique équatoriale qui présente des conditions météorologiques semblables : chaleur et humidité. Selon l’UICN, 73,8 % de l’aire de répartition de Gorilla gorilla présente les conditions idéales pour une culture de palmiers sur huile.

Les maladies

Proche de l’homme génétiquement, les grands singes africains sont aussi sensibles que nous aux grands virus et notamment à Ebola, un virus provoquant une fièvre hémorragique. L’UICN a constaté, sur six zones protégées, le décès de 75 % des gorilles entre 1995 et 2000 à cause de la maladie. Malheureusement, ce virus mortel revient régulièrement. En 2018, la République démocratique du Congo a subi sa 10ème vague d’épidémie, la plus meurtrière à date pour les hommes avec 2244 décès recensés au 29 janvier 2020. Pour les gorilles aussi, ces vagues sont dévastatrices : elles peuvent atteindre 95 % de taux de mortalité au plus haut des pics épidémiques. Par exemple, de 2002 à 2003, on estime que 5500 gorilles de l’Ouest ont été tués par le virus Ebola dans un seul et même sanctuaire, celui de Lossi, en République du Congo. Soit un taux de mortalité de plus de 90 %.

Des perspectives particulièrement inquiétantes pour les grands singes et leur l’environnement car même les zones protégés, théoriquement préservées des exploitations industrielles, sont en danger face au manque de courage des dirigeants politiques des pays concernés… 

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