" En consacrant la totalité de sa partie enquête, d'une durée d'environ vingt minutes, à la situation politique du département de l'Eure au lendemain du deuxième tour des élections législatives, France Inter, la radio du service public, en ce premier jour de l'été, s'est littéralement assise sur la déontologie du métier de journaliste, et sur le devoir qu'il a d'informer loyalement.
L'équipe d'enquêteurs de l'après-journal du 13/14, animé par le journaliste Bruno Duvic, était donc en direct de Vernon - l'ancien fief de Sébastien Lecornu, très proche du président de la République, depuis peu ministre des Armées -, pour tenter d'analyser les raisons de ce coup de tonnerre dans la France macroniste qui a vu dans ce département normand proche de Paris, le basculement dans l'opposition de ses cinq circonscriptions acquises à LREM en 2017. Et pas n'importe quelle opposition puisque le Rassemblement national a raté de peu le grand chelem. Seule la 4 ème circonscription auparavant représentée par le député sortant Bruno Questel, battu dès le premier tour, a élu Philippe Brun, conseiller municipal d'opposition à Louviers, appartenant au Parti socialiste et à la NUPES.
Après avoir largement donné la parole à Thimotée Houssin, nouveau député du Rassemblement national, élu de la 5 ème circonscription, sur les raisons de son succès et à ses électeurs sur les raisons de leur vote, France Inter, pour équilibrer le débat, a réalisé la performance surréaliste de longuement interviewer l'ex député Bruno Questel, sans qu'une seule fois ne soit cité le nom de Philippe Brun, son challenger victorieux, se contentant de signaler, au détour d'une phrase anodine, que cette circonscription (la 4 e) avait élu un candidat de la NUPES.
Cela fait déjà bien longtemps que nous observons la dérive de ce service public de l'information, devenu au fil des ans organe de propagande de la République en marche, chargé par le pouvoir de faire la courte échelle au Rassemblement national, en lui servant la soupe dès que l'occasion s'en présente, tout en feignant de jouer la surprise quant à sa progression au fil des élections successives.
Au bal des faux-culs, M. Bruno Duvic et sa clique sont donc passés orfèvres, rivalisant en cela avec l'équipe des matinaliers que sont Nicolas Demorand et Léa Salamé." Écrire cela m'a été nécessaire pour canaliser l'indignation qui m'a submergé à l'écoute de cet exercice de manipulation de l'information. "
(1) Il fut une époque où le slogan de France Inter était : " une radio pour ceux qui ont quelque chose entre les oreilles. "