Pendant cinq ans le Président Emmanuel Macron a décidé seul de tout, avec une majorité de députés dociles. Il a été le Président Absolu de la République pour reprendre l'expression et le titre du dernier livre de Philippe Fabry.
Emmanuel Macron est donc le responsable au premier chef de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le pays et qui a été occultée par les épouvantails Zemmour puis Le Pen pendant la campagne des présidentielles.
Après cinq ans de surdité, il a prétendu ce soir avoir entendu les Français. Peut-être, mais il n'a toujours pas compris quel désaveu cinglant ils lui ont infligé et la confiance toute relative qu'ils lui ont accordée et dont il se targue.
En effet, après tout, il n'a obtenu le vote que de 20% des inscrits au premier tour et de seulement 38,5% au second. Maintenant, à l'Assemblée nationale, il ne dispose plus d'une majorité de députés obéissant à son bon plaisir.
Ce soir il a donné le spectacle de celui qui rejettera la responsabilité d'un éventuel chaos aux députés de l'opposition qui pratiqueraient l'obstruction à ses moindres volontés: il observera jusqu'où ils sont prêts à aller... avec lui.
Après cette période d'observation, qui durera le temps qu'il faudra, il dissoudra éventuellement l'Assemblée au moment opportun, c'est-à-dire quand ses conseillers en communication lui diront qu'il a des chances de l'emporter.
Éternel stagiaire, il faut comprendre que quand il dit: Nous devons collectivement apprendre à gouverner et légiférer différemment, il parle en fait de lui-même et que le nous collectif est un pluriel de majesté très personnel.
Emmanuel Macron a dit ce soir qu'il y avait des dossiers urgents à traiter, qu'il ne fallait plus augmenter la dette publique, ni les impôts, c'est-à-dire qu'il fallait faire au fond tout le contraire de ce qu'il a fait pendant cinq années.
La vision optimiste est de penser qu'Emmanuel Macron sera stoppé dans son élan de marche vers nulle part et qu'il ne pourra plus exercer la totalité de son pouvoir de nuisance. Il devra composer avec le Parlement qu'il méprisait:
La responsabilité de la majorité présidentielle est de s'élargir.
La vision pessimiste est de penser non pas que le pays sera ingouvernable. Le Parlement débattra, mais il ne votera jamais la diminution conjointe des prélèvements obligatoires et des dépenses publiques, pourtant seule issue à la crise.
Le problème qui se pose n'est donc pas celui de la gouvernabilité. Emmanuel Macron restera quoi qu'il en coûte et quoi qu'il arrive, mais au moins il ne pourra plus décider seul de tout, pendant un temps, ce qui est une bonne chose.
Francis Richard