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Surprise

Publié le 11 août 2008 par Chondre

Lorsque j’étais jeune, beau et encore étudiant, j’adorais cette période de l’année. Elle était très particulière car l’un de mes meilleurs amis était né quelques jours avant moi. Nos amis tentaient donc de nous réunir chaque année en organisant une surprise commune. Si nous nous doutions généralement de la date de la petite sauterie, nous n’arrivions jamais à évaluer le lieu ou l’heure du rassemblement. Nous pouvions donc nous retrouver pour un pique-nique aux chandelles dans le parc du château de Vaux-le-Vicomte, dans la grande maison du grand-père de Snooze près de Giverny, chez Cécilou ou tout simplement chez l’un ou l’autre, les amis débarquant à l’improviste les bras chargés de ballons et de victuailles en criant “surpriiiiiise!” en choeur. Cette période contrastait avec la période ingrate (surpoids, acné, fringues aux formes et couleurs improbables) du collège et du Lycée, période où j’étais l’une des rares dindes à ne pas organiser une soirée annuelle. Pas si facile d’être populaire.

Je me souviens encore de mes trente ans. Je devais initialement rejoindre Snooze pour faire une surprise à Moustic dans les jardins du Luco et Moustic était chargé de son côté de me faire une surprise. Après avoir péché trente cadeaux dans un grand cartons, nous nous sommes tous retrouvés chez Moustic et Marylène. Je crois avoir répété toute la soirée que c’était le plus beau jour de ma vie (j’ai rabâché la même chose le soir de la soutenance de mon doctorat). J’étais vraiment heureux, encore insouciant, sans véritable problème existentiel, entourés d’amis que j’aimais très fort. Il ne manquait que Vicky pour que la soirée soit parfaite.

Le temps passe, pas les amis. Ou presque. Nous ne revoyons plus Moustic depuis cinq années mais notre cercle d’amis s’est bien agrandi. J’ai la chance de fréquenter la même bande depuis les premiers jours passés sur les bancs de la faculté. Delphine a migré près de Clermont, Vicky va prochainement remonter sur Paris, Cécilou est en couple avec Jean-Guimauve, Mimi Zonzon avec son Kus. Sans oublier Lou et Chiara. Nous avons finalement, jusqu’ici, tous eu beaucoup de chance et avons été privilégiés par la vie. J’ai pensé à nouveau à cette douce époque il y a peu, après avoir reçu un courrier électronique de Yannick nous proposant de faire une surprise à son ami Benoît, né curieusement le même jour que moi (en même temps, cela ne fait qu’une chance sur 365), un 12 août (toujours dans les années 70, avec un léger écart certain en ma défaveur).

Nous devions initialement nous retrouver dans le parc de la Villette pour lui faire une surprise. La météo étant capricieuse, nous nous sommes repliés chez Yannick au dernier moment. Je me doutais bien de quelque chose car je ne recevais aucun mail des participants à l’anniversaire surprise. Il arriva ce qu’il devait arriver. Nous nous sommes retrouvés chez Yannick, Benoît se demandant ce qu’il se passait et Snooze et Yannick faisant semblant de ne rien comprendre. La porte s’est ouverte et une bande de joyeux fêtards a pénétré dans l’appartement en criant surprise. N’ayant pas mes lunettes, j’ai crié en cœur joyeux anniversaire, ne remarquant pas que la moitié des convives était présente pour me faire une surprise. J’ai ensuite remarqué la présence d’Absinthe, de Matthieu, de Nono et de son mari, de Hub, de Frédéric, de Yann, de la biscotte et de bien d’autres, les bras chargés de ballons et de nourriture.

Cécilou et Jean-Guimauve venaient de s’envoler pour le Brésil, Mimi, Kus, Caro et Alexandre étaient de leur côté à la Baule. Ils ne pouvaient donc se joindre à nous. J’ai été une nouvelle fois gâté. Après quarante trois ans de vie en commun, Snooze connait bien mes goûts. Je peux ainsi fièrement contempler et briquer dans ma cuisine depuis quatre jours le fameux, l’incroyable, l’extraordinaire, le magnifique, le splendide robot Kitchen Aid noir. Seules les personnes exprimant le gène Bree van de Kamp comprendront le filet de bave que je n’ai pu retenir à l’ouverture du volumineux paquet. J’ai eu également la chance de recevoir trois livres que je vais m’empresser de dévorer pendant ma semaine bretonne.

Il flottait comme une douce odeur de nostalgie vendredi dernier. La plupart d’entre nous était crevée mais l’ambiance était chaleureuse et bon enfant. Tous les invités se sont joyeusement mélangés. Nicolas a même tenté de me chiper mon joli robot. Pensant tenir dans ses mains un César, il a commencé à remercier Claude Berri et Josée Dayan, avant que je ne replace délicatement my precious dans son carton. Le dîner s’est poursuivi le lendemain par un pique-nique au clair de lune le long du canal Saint-Martin.

Voila, j’ai aujourd’hui trente huit ans, toutes mes dents (même les fausses), et j’ai la chance d’être vraiment bien entouré. Que demande le peuple?


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