« Les choses se sont accélérées dans l’entre-deux tours des législatives. Cette fois, c’était au tour des ténors de la majorité présidentielle de renvoyer dos à dos la Nupes et le RN en parlant de la notion floue des« extrêmes »et en ne donnant pas de consigne systématique de vote contre la formation d’extrême droite. En faisant cela, ils ont, de fait, banalisé à leur tour le RN, en le mettant sur un pied d’égalité avec la gauche. »
Cette citation extraite d’un article du journal Le Monde de ce jour montre bien que l’absence de consigne claire de la part de la majorité présidentielle à l’égard du vote FN a favorisé ce dernier et aidé au mouvement national de Marine Le Pen à briser le plafond de verre qui, jusqu’à maintenant l’empêchait de remporter les seconds tours. A Louviers, ce relâchement des consciences s’est exprimé de deux manières. Bruno Questel, sans doute marri d’avoir été éliminé au premier tour, a indiqué, du bout des lèvres, « pas une voix pour l’extrême droite » permettant aux électeurs d’Ensemble de voter blanc ou nul ou de s’abstenir. En 2017, Bruno Questel, face au FN de l’époque, avait pourtant bénéficié à plein du front républicain. Il aurait dû s’en souvenir mais la défaite rend mauvais joueur.
François-Xavier Priollaud, maire de Louviers et ancien candidat UDI aux législatives défait à deux reprises, n’a pas fait preuve de plus de clarté en assurant qu’il ne soutenait pas l’extrême droite, certes, mais en apostrophant Philippe Brun sur ses soi-disant ambiguïtés à l’égard de la police, de l’Europe et tutti quanti. Une partie de ses électeurs(trices) a reçu le message cinq sur cinq en s’abstenant ou en votant blanc ou nul ou même en votant pour la candidate RN. Heureusement à Louviers, malgré ces réticences de LREM-MODEM Philippe Brun a obtenu 58 % des suffrages infligeant de fait un désaveu à celui qui dirige la ville. Au lieu de voir en lui un futur député représentatif d’une agglomération dynamique, le maire de Louviers a voulu le réduire à un statut d’adversaire faisant preuve d’un cynisme que Marc-Antoine Jamet résume d’une formule cruelle dont il a le secret : « cet homme invoque des principes républicains pour ne pas appeler à voter Brun. Mais il n’a pas de principes et il n’est pas républicain. » (1)
Je trouve donc désolant que les macronistes qui ont bénéficié à plein des voix de la gauche au second tour des présidentielles — je suis de ceux qui n’hésite jamais entre un candidat républicain fût-il de droite et un candidat frontiste — n’aient pas eu la même attitude à l’égard des candidats NUPES. Il y a eu des exceptions et les déclarations de Clément Beaune (ministre macroniste) entre les deux tours sont tout à son honneur.(2) Il est heureux que cet homme-là ait gagné une élection a priori difficile.
FX Priollaud au Moulin
(1)Déclaration faite par le maire de Val-de-Reuil lors de la réunion publique de jeudi dernier à la Maison des associations.
(2)Clément Beaune a appelé à voter pour « le candidat opposé à celui du rassemblement national partout en France. » Il est républicain et connaît l’histoire.