Je crois que je ne comprendrai jamais les starlettes. C’était au cours des Oscars que cela se passa. Toutes les starlettes avaient vêtu une robe noire, outrageusement sobre. Elles portaient le deuil de toutes les violences envers les femmes. Les hommes, quant à eux, furent dans l’obligation de ressembler à des croque-morts dans leurs costumes trois-pièces, couleur de la tristesse. Et malheur, au macho, au sexiste qui voudrait un costume de couleur autre que corbeau.
Et même, Rocky, sixième de nom, fut dans l’obligation de fêter son propre deuil, par anticipation.
Je crois qu’il y avait là, dans cette cérémonie des Oscars, une bande bien bizarre. Vous l’avez constaté, je n’ai utilisé, ni le mot, tarés ni le mot, siphonnés. Je ne veux pas être traité de vieux cochon. Bien que je préfère cochon, à vieux.
Mais les temps changent, comme on le dit vulgairement.
Au Festival de Cannes, il n’y avait pas de deuil à fêter. Nous le savons, chez les starlettes, le deuil, c’est jour de fête.
À Cannes, les starlettes portaient des robes qui déchirent. Déchirées est le mot approprié pour ces robes. Je ne sais par quelles mains, elles le furent, bien déchirées. Je ne voudrais pas dire des cochonneries.
Des robes bien déchirées qui malgré leurs échancrures, à outrance, cachent déjà beaucoup trop. Aussi, a-t-on inventé les accidents de tétons, les accidents de robes. Là, également, je ne voudrais pas faire dans les cochonneries.
Mais, il faudrait bien parler des mecs, des machos, des sexistes, en un mot des hommes.
Ils portent des costumes classiques, en général de couleur grise, puisqu’il n’y avait aucun deuil à fêter.
Les starlettes regardent avec insistance, chez les machos, l’endroit où il ne faut pas regarder. Là, également, je ne voudrais pas faire cochon.
Elles regardent avec insistance, si des fois, la petite bête monte.
La petite bête qui monte, c’est ta mort, espèce de machos. Les starlettes qui ne portent pas de robes noires, puisqu’elles n’ont pas de deuil à fêter, diront de toi que tu es le cochon sexiste.
La petite bête qui ne monte pas, c’est également ta mort, espèce de goujat.
Finalement, les starlettes montent là-dessus. Parce que je suis convenable, je ne dirai pas qu’elles adorent ça. Monte là-dessus, je pensais, bien évidemment, au tapis rouge.
Et pourtant, cette année-là, il y avait bien des raisons pour être en deuil. Je crois qu’il y a une guerre, quelque part !
Ah les femmes d’autrefois ! Elles étaient robustes, elles étaient gaillardes dans leurs salopettes bleues, les épaules carrées, dans les usines à fabriquer des obus en chantant l’Internationale. Il leur arrivait même d’emprunter quelques chemins, appelons-les pudiquement, quelque peu salaces. Elles chantaient, « ce soir je serai la plus belle pour aller danser ».
Que la bête meure, que la petite bête ne grimpe, surtout pas.
Je crois, que nous sommes tous, dans une époque de siphonnés.
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