Mahmoud Darwish, l’un des plus grands poètes arabes, est décédé

Publié le 11 août 2008 par Hugo Jolly

Mahmoud Darwish, 67 ans, est décédé samedi des suites d’une complication à une opération à cœur ouvert dans un hôpital du Texas, aux États-Unis. Ses poèmes ont fait le tour du monde et ont été étudiés pour comprendre le sentiment qui se cache derrière le conflit israélo-palestinien. Il était considéré comme étant un des symboles de la résistance palestinienne, mais également comme l’une des figures les plus importantes de la culture arabe.

Celui qui contribua à forger l’identité palestinienne est né en 1941 à Al-Birweh, près de Haïfa, dans une Palestine alors sous mandat britannique. Son village à été détruit lors de la fondation de l’État d’Israël en 1948. Lorsqu’il sortit du lycée, il adhéra clandestinement au Parti communiste israélien et publia ses premiers poèmes dans des publications de gauche. Pour son implication politique, il fut mis en résidence surveillée, puis emprisonnée. Lorsqu’il fut libéré, il quitta Israël pour l’Union Soviétique en 1971.

Après avoir connu plusieurs années d’exil, en Union Soviétique, où il étudia l’économie, en Égypte et en France, Darwish devint membre de l’OLP de Yasser Arafat.  Il écrivit la déclaration d’indépendance de la Palestine en 1988, qui fut lue par Yasser Arafat qui proclama de manière symbolique la création d’un État Palestinien. Mais des suites de désaccord avec l’OLP, notamment sur attitude trop conciliante de l’organisation dans les accords d’Oslo, il quitta l’OLP en 1993 pour continuer son écriture et faire connaître la culture palestinienne dans le monde.

Ses poèmes étaient d’une telle force, que même en Israël, le ministre de l’éducation, Yossi Sarid, à suggérer d’insérer certains de ses poèmes au programme du secondaire mais Ehoud Barak, alors premier ministre, s’y était opposé, en disant qu’Israël n’était pas prêt. Ariel Sharon, pourtant reconnu comme étant l’un des durs de la politique israélienne dans les territoires occupés, à dit du poème Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude: «Ça m’a fait comprendre l’attachement des Palestiniens à leur terre».

Il laisse dans le deuil tout un peuple, et également tous ceux qui souhaitent d’une paix durable et juste. Reconnu pour son humanité, il a qualifié la guerre fratricide entre le Hamas et le Fatah de « une tentative de suicide publique en pleine rue. ». Nous nous souviendrons de lui pour sa grande ouverture envers l’autre et pour son rêve de voir deux peuples, qui n’ont pas la même culture, de partager une terre commune. Une belle façon de lui rendre hommage serait bien sûr d’aider à la concrétisation de son rêve, mais également de se souvenir de sa poésie.