" Ah ben, si un raisonnement n'est pas une preuve... En effet, il n'y a rien qui vaille. Depuis Descartes, ça s'appelle le doute méthodique... Arrêtez de dégrader le niveau politique. La politique, ce n'est pas forcément mentir. " (Jean-Luc Mélenchon, le 17 juin 2022 sur BFM-TV).
Comment dire n'importe quoi et passer à une heure de grande écoute à la télévision ? Tiens, encore une autre formule : " Lundi matin, je serai chez moi à attendre le coup de téléphone du Président. ". C'est ça, la réalité alternative. Le sujet est plongé dans un autre monde, celui de ses caprices et de ses songes. Quand, dans ses Mémoires, De Gaulle parlait de la vieillesse, qui est un naufrage, il ne pensait pas à Jean-Luc Mélenchon mais à Pétain. Pourtant, à quelques semaines de ses 71 ans, on peut quand même vraiment y penser pour le lider maximo de la Nupes tant ses délires politiques sont désormais mis en plein jour. Le fait-il exprès ou pas ?
Le délire mélenchonesque de la semaine, c'est le supposé projet caché du gouvernement d'augmenter la TVA pour engranger 80 milliards d'euros de recettes fiscales supplémentaires afin d'atteindre 3% du PIB de déficit en 2027. Cela pourrait être vrai, ce ne serait pas la première fois qu'un pouvoir cacherait quelques mauvais destins, mais l'attitude du Président Emmanuel Macron a toujours été claire et il n'a jamais rien caché de ses intentions, au risque de perdre des voix ; pour preuve, il a confirmé une semaine avant le scrutin que la réforme des retraites s'appliquerait dès l'été 2023. Pour la TVA, c'est surtout ne rien comprendre à la logique du gouvernement.
Dès le soir du premier tour, Jean-Luc Mélenchon a lancé gratuitement, j'insiste sur le "gratuitement", la rumeur d'augmentation de la TVA qui serait voulue par le gouvernement. Il n'est pas fou, Jean-Luc Mélenchon, il sait que c'est un sujet très sensible pour les ménages, surtout en période inflationniste (où la TVA a d'ailleurs un meilleur rendement puisqu'elle est proportionnelle au prix). Il sait qu'en juin 2007, à cause d'une maladresse entre les deux tours des législatives sur le sujet du Ministre de l'Économie et des Finances d'alors, Jean-Louis Borloo (qui ne dura pas longtemps à Bercy, remplacé après les élections par Christine Lagarde), le tout nouveau Président Nicolas Sarkozy a perdu une cinquantaine de sièges. On peut aussi dire que ce même Nicolas Sarkozy a sans doute perdu sa réélection pour avoir augmenté la TVA à deux mois et demi de l'élection présidentielle de 2012 (pour transférer les cotisations sociales sur les prix à la consommation). Donc, Jean-Luc Mélenchon, qui connaît très bien l'histoire politique du pays (il était lui-même sénateur en 2007), veut répéter l'idée et comme le gouvernement ne fait pas dans la maladresse sur ce sujet, il y va avec ses procès d'intentions.
La réaction outrée du Ministre de l'Économie et des Finances Bruno Le Maire a été ferme : il répète et martèle depuis le début de la semaine qu'il n'est pas question d'augmenter les impôts, ni directs ni indirects, ni des ménages, ni des entreprises (au contraire de la Nupes !). Il a même évoqué le 15 juin 2022 sur LCI le comportement complotiste de Jean-Luc Mélenchon visant à insinuer le doute et le soupçon en calomniant gratuitement. Une méthode qui donne une idée de ce que serait un gouvernement Mélenchon si par malheur il arrivait au pouvoir (Robespierre est toujours vivant).
Même les journalistes en économie des grands médias étaient dans la stupéfaction avec cette affaire. Car Jean-Luc Mélenchon aurait pu retrouver dans une poubelle un brouillon d'une idée possible d'un commencement de suggestion d'une telle mesure, mais non, à la connaissance de ces journalistes, rien, strictement aucun projet allant dans ce sens. Le seul projet connu à propos de la TVA, ce serait même de la faire baisser pour les produits pétroliers pendant une période inflationniste.
Donc, ce procès d'intention provient simplement de l'imagination très créative de Jean-Luc Mélenchon qui accuse la majorité d'une proposition qu'elle n'a jamais formulée et jamais voulue. C'est donc n'importe quoi et montre une idée du niveau de la vie politique en France (il a l'audace de retourner cette critique à son profit alors que c'est lui qui dégrade considérablement le niveau intellectuel et politique du débat public). Je pensais que le gourou de la Nupes allait donc s'arrêter sur cette désinformation grossière, vu qu'elle ne fonctionnait pas.
Eh bien non. Invité par Apolline de Malherbe à la matinale de BFM-TV ce vendredi 17 juin 2022, il est revenu à la charge devant une journaliste complètement médusée par une telle assurance dans la fake-news. Car bien évidemment, Jean-Luc Mélenchon n'a apporté aucun nouveau fait confirmant cette supposée volonté du gouvernement d'augmenter la TVA et ce n'est pas en martelant "c'est un fait" que la mesure est là (il disait "c'est un fait" pour des choses qui n'avait rien à voir).
Alors, il a redit son raisonnement, car Jean-Luc Mélenchon est un garçon qui se veut très rationnel, il sait lire la pensée des autres et il sait ainsi projeter plein de choses invisibles. Il n'est pas gourou pour rien, ce n'est pas donné à tout le monde. Les 80 milliards d'euros, ça vient de la différence entre le déficit public actuel en 2022 et le déficit cible en 2027 (3% du PIB). Donc ce chiffre est un chiffre de Jean-Luc Mélenchon qui a regardé dans le programme de la majorité présidentielle que 40 milliards d'euros seraient économisés d'une manière ou d'une autre (c'est notamment le rôle de la réforme des retraites). Bref, pour lui, il manque encore 40 milliards d'euros.
Et là, il a sorti des recommandations de la Commission Européenne. Ce n'est pas parce que la Commission Européenne dit une chose que c'est le programme d'Emmanuel Macron : alors que Jean-Luc Mélenchon veut carrément "désobéir" aux Traités européens (le terme est d'ailleurs amusant, serait-il un petit enfant dans madame l'Europe ?), un gouvernement national n'est pas encore censé obéir à la Commission Européenne, surtout quand elle exprime une "recommandation". La souveraineté nationale existe toujours, il faut parfois le rappeler.
Je regrette le manque de réactivité d'Apolline de Malherbe qui pourtant voulait coincer intellectuellement Jean-Luc Mélenchon sur cette mesure. Jean-Luc Mélenchon déduit de plusieurs recommandations depuis une dizaine d'années de la Commission Européenne demandant une augmentation de la TVA (ce qui reste à vérifier) pour conclure qu'Emmanuel Macron va augmenter la TVA. Sauf qu'en expliquant que la Commission Européenne avait déjà plusieurs fois recommandé une telle augmentation (il a même cité des dates, mais il ne semblait pas très assuré), il venait de prouver lui-même que les gouvernements français s'en moquaient, de telles recommandations, puisque aucun d'eux ne l'avait proposé à sa majorité depuis 2012 ( François Hollande ayant défait l'augmentation de Nicolas Sarkozy dès juillet 2012).
Mais la mauvaise foi n'étouffait pas Jean-Luc Mélenchon quand il expliquait que déjà en 2017, Emmanuel Macron avait promis qu'il n'augmenterait aucun impôt et que finalement, il a mis en place la taxe carbone qui a engendré la crise des gilets jaunes. Là encore, foutage de gueule et réécriture de l'histoire. La taxe carbone était un impôt mis en place sous le quinquennat de François Hollande et probablement que l'erreur d'Emmanuel Macron était d'avoir laissé cette disposition s'appliquer au jour dit sans voir ses conséquences sociales à une époque où les écologistes et aussi les mélenchonistes le pressaient pour faire la transition écologique. Les mesures de la Nupes engendraient bien plus de colère des gilets jaunes qu'en 2018.
D'ailleurs, notons aussi la mauvaise foi de Jean-Luc Mélenchon qui a reproché à la majorité d'avoir laissé courir la taxe carbone et dire en même temps qu'elle ne faisait pas assez pour la lutte contre le réchauffement climatique (il n'est pas à une contradiction près). Du reste, pendant toute cette semaine, les zélateurs du centralisme mélenchonique tentaient de récupérer électoralement la canicule pour donner une raison supplémentaire de voter pour eux ! (le risque serait plutôt qu'ils encouragent les abstentionnistes à rester chez eux pour se protéger de la grande chaleur !).
Prenons le verbatim exact : " Je redis : monsieur Le Maire a avoué qu'il veut retirer 40 milliards du budget de l'État. Comment fait-il ? Ou bien il nous dit où il l'enlève, ou bien il nous dit où il prend. Mais cela ne peut pas être les deux en même temps et dire : je ne prends rien et je n'enlève rien. Donc monsieur Le Maire, dans cette situation, a un problème avec la vérité. La vérité, c'est qu'il a prévu des diminutions de prestations sociales, il a prévu de continuer dans la santé et l'éducation les coupes claires auxquelles il procède. ". J'aime bien le verbe "avouer", avec Jean-Luc Mélenchon, l'Inquisition n'est jamais loin. Quant à la TVA, étrangement, elle est sorti des propos. Là, il parlait de "coupes claires".
Cette citation montre à quel point Jean-Luc Mélenchon n'a rien compris à l'économie et fait dans le simplisme démagogique (du genre : les riches doivent payer en oubliant qu'avant de la redistribuer, il faut d'abord créer la richesse). Le ministre parlait de déficit et pas de retirer 40 milliards du budget de l'État, c'est-à-dire qu'on peut équilibrer un budget autrement qu'en prenant ou en enlevant.
Réponse par les propos du Président Emmanuel Macron dans son allocution du 14 juin 2022 : " Cette indépendance, nous ne la ferons pas par plus d'impôts, au contraire, nous continuerons de les baisser, ni par plus de dette, nous devons la réduire, ni par la décroissance, nous la combattons. Nous le ferons par le travail. Travailler tous en atteignant le plein emploi qui est à portée de mains. Travailler mieux, en améliorant les rémunérations et les conditions de travail. Travailler plus pour gagner, par notre effort collectif, en force économique. ".
En résumé, Jean-Luc Mélenchon, dont le programme va coûter à la France 300 milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires, avec un choc fiscal de 160 milliards d'euros dont 50 des poches des ménages, n'a pas manqué de culot pour fustiger une proposition que n'a jamais formulée la majorité et que la majorité dément formellement car la philosophie générale de la majorité présidentielle, c'est au contraire de libérer les énergies, de desserrer l'étau fiscal pour augmenter l'activité économique et favoriser la croissance (il faut répéter que Jean-Luc Mélenchon est nul en économie, comme son mentor François Mitterrand).
Bref, persister dans ce procès d'intention, persister dans cette fake-news démontre au moins une chose : c'est que le programme de la majorité présidentielle n'est pas si condamnable que cela puisque le leader suprême de la Nupes doit inventer des mesures fantaisistes pour le condamner. Il se rend bien compte que dans les circonscriptions où le duel s'est transformé en affrontement entre Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, les électeurs, partisans de l'ordre et de la prospérité, refusant le chaos qu'un potentat vieillissant jusqu'au naufrage et ne comprenant rien à la société française entraînerait dans sa déroute, sauront choisir selon l'intérêt de la France, je n'en doute pas. Quant à ceux qui se sont embarqués dans le Titanic-Mélenchon, je leur souhaite bien du plaisir à assumer politiquement l'après-Nupes dans honte de leurs prochains électeurs...
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (17 juin 2022)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Résultats du second tour des élections législatives du 19 juin 2022 (Ministère de l'Intérieur). À venir.
TVA : Mélenchon, champion du monde de la mauvaise foi.
Procès d'intention, soupçons, fake-news, calomnie : le complotisme mélenchonien.
Législatives 2022 (8) : aucune voix ne doit manquer à la République !
Allocution du Président Emmanuel Macron le 14 juin 2022 à Orly (texte intégral et vidéo).
Législatives 2022 (7) : Liberté, Égalité, Choucroute.
Résultats du premier tour des élections législatives du 12 juin 2022 (Ministère de l'Intérieur).
Législatives 2022 (4) : sous la NUPES de Mélenchon.
Élysée 2022 (53) : la composition sans beaucoup de surprises du premier gouvernement d'Élisabeth Borne.
Pour Jean-Louis Bourlanges, c'est la capitulation et la bérézina !
Législatives 2022 (3) : Valérie Pécresse mènera-t-elle Les Républicains aux législatives ?
Législatives 2022 (2) : la mort du parti socialiste ?
Législatives 2022 (1) : le pari écolo-gauchiste de Julien Bayou.
Élysée 2022 (49) : vers une quatrième cohabitation ?
Élysée 2022 (44) : la consécration du mélenchonisme électoral.
Élysée 2022 (43) : le sursaut républicain !
https://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20220617-melenchon.html
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2022/06/17/39521849.html