Le Roi des Fauves d'Aurélie Wellenstein

Par Rambalh @Rambalh
Ce que j'aime avec l'achat d'occasion, c'est pouvoir acheter un livre juste pour sa couverture, son résumé ou mon humeur du jour. Ici, c'est la couverture et la quatrième de couverture qui m'ont tentée.

Quatrième de Couverture
Poussés par une famine sans précédent, trois amis, Kaya, Ivar et Oswald, prennent le risque de braconner sur les terres de leur seigneur, mais son fils les surprend. Au terme d’une lutte acharnée, ils laissent le noble pour mort. Capturés et jugés pour tentative de meurtre, les trois amis sont condamnés à ingérer un parasite qui va les transformer en « berserkirs ». Au bout de sept jours de lente métamorphose, ils seront devenus des hommes-bêtes, et leur raison s’abîmera dans une rage inextinguible. Le temps de cette transformation, ils sont enfermés dans Hadarfell, un ancien royaume abandonné, dont le passé et l’histoire ont été engloutis par le temps…
Mon avis
Ivar, Oswald et Kaya décident d’outrepasser la loi et d’aller braconner sur les terres du maître des lieux, tiraillés par la faim. Seulement, le fils du seigneur les surprend et les prend en chasse et les humilie une fois acculés. Lorsque le jeune noble décide de s’en prendre à la jeune fille du groupe pour leur faire payer leur faute, une réaction en chaîne entraîne la chute du noble d’une falaise. Il y perd ses deux jambes et les trois adolescents leur liberté au profit d’un rituel les transformant en berserkirs, monstres sanguinaires dénués d’humanité.
Aurélie Wellenstein met en scène un univers inspiré des mythes nordiques pour questionner ses lecteurs sur les limites de notre humanité. Pour avoir essayé de nourrir leurs familles, trois adolescents sont condamnés à une peine pire que la mort : la transformation en berserkirs, monstres sanguinaires guidés par leurs pulsions, pour intégrer l’armée du jeune seigneur. Une fois le rituel lancé, il leur reste sept jours pour profiter de leurs derniers instants d’humanité. Sept jours de lutte contre l’ultime sentence, contre leurs instincts primitifs, ensemble. En leur retirant peu à peu leur humanité, c’est aussi leur innocence qu’on leur ôte. Incarnation de ce passage si complexe de l’adolescence à l’âge adulte, la transformation des personnages est progressive, douloureuse et inévitable. Elle passe par une lutte contre soi-même et par des choix.
Ce roman est sombre, dur, comme peut l’être l’adolescence. Nos trois héros sont confrontés à des situations dangereuses et mortelles mais ils sont surtout face à des choix tragiques, questionnant leurs instincts opposés à leur compassion. Le tumulte est grand au fil des pages, plus encore lors du tournant final de l’histoire.
Si nous avions eu à franchir ce cap, qui aurions-nous choisi d’être ? Quel type de « monstre », quel type d’adulte ?
Avec une plume qui sonne juste, Aurélie Wellenstein nous offre un roman qui s’inscrit de façon naturelle dans le medieval fantasy et qui nous pousse à nous mettre à la place de chacun des personnages, principaux comme secondaires. Certaines des métamorphoses que nous vivons dans notre vie ne sont pas simples et nos réactions peuvent prendre différentes formes ; la lutte, le sacrifice, l’acceptation, la fuite ou encore l’abandon total. Toutes les voies y sont représentées sans jugement, juste avec perspective au cours du récit. Une double lecture qui chamboule parfois mais qui fait de ce roman un excellent moment de lecture et de réflexion.
« Ivar ne répondit pas, il serrait les dents. La peur lui sciait les jambes et son estomac remontait dans la gorge. Tout son être lui hurlait de rebrousser chemin. S’il cédait, s’il reculait, alors la terreur refluerait, il serait de nouveau un adulte, confiant en sa force, et non ce petit enfant perdu dans le noir et ses peurs primaires. » p. 113
Les avis des Accros & Mordus de Lecture