Quand il chaussait ses lunettes de lecture, le verre élargissait son regard et en révélait la bonté. Être regardée la nourrissait. La gonflait de vie et de réalité.
C'est le printemps. Clémence vient de quitter Ivo. Sa vie ne sera plus la même. Alors qu'il pouvait être faible, il l'émouvait et représentait une solidité paradoxale sur laquelle elle avait un réel besoin de s'appuyer.
Il faut revenir à l'automne. Ivo, après le départ de sa femme, n'arrive toujours pas à être un père véritable pour Ludo et Madenn. Leurs irruptions dans sa vie de couple lui font perdre pied et le rendent insupportable.
Ivo est désemparé face à eux deux. Il ne les comprend pas. Ils sont l'un comme l'autre en rupture avec leur père. Pour l'un, il met en péril la planète, rien de moins. Pour l'autre, il manque à ses devoirs de nourricier.
Ivo et Clémence ont leur chez soi, lui, son appartement, elle, le cabanon, qui voisine avec la maison de Bertil, qui y vit avec ses trois enfants, Tarsis, Cassiopée et Iseult, Jude, sa femme, étant en cure d'alcoolisme.
Bertil semble réussir là où Ivo échoue. Ivo, à son exemple, trouve dans les enfants de Bertil ceux qu'il aurait bien aimé avoir. Ils le lui rendent bien d'ailleurs, ce qui ne laisse pas d'intriguer Clémence qui n'en a pas.
L'hiver suivant, Clémence rompt avec Ivo, malgré qu'elle en ait, parce qu'il la détruit, même si elle sait ne jamais pouvoir vivre sans lui, un jeu auquel Éros souvent se prête et que l'auteure excelle à restituer.
L'épilogue se situe en été. Clémence, dont la mère s'est montrée défaillante, vit heureuse auprès de son arbre. Elle imagine qu'il l'écoute quand elle s'adresse à lui et lui confie être en perdition, comme l'est son Ivo:
Ce feuillage est un soulagement, son ombre une protection, une présence rassurante et continue, son bruissement une berceuse.
Francis Richard
Sous ton feuillage, Francine Wohnlich, 176 pages, Éditions Encre Fraîche