L'annonce a été partagée à l'occasion de l'événement que Sage dédie annuellement à ses partenaires. À l'instar des précédentes initiatives du genre (dont celle de Finexkap), à compter de la fin de l'année, les clients britanniques de l'éditeur en mal de trésorerie pourront ainsi solliciter le financement de leurs factures émises en souffrance, individuellement ou de manière systématique, en quelques gestes, directement depuis leur logiciel de gestion habituel, à des conditions flexibles et totalement transparentes.
La particularité de l'opération est donc de faire officiellement apparaître le nom d'un établissement traditionnel. Cependant, Lloyds Bank n'est en réalité que le fournisseur du cœur de produit, se positionnant un peu comme l'usine sous-traitante d'une jeune pousse, Satago, dans laquelle elle a investi 5 millions de livres. Celle-ci est à l'origine à la fois de la technologie mise en œuvre et de la collaboration avec Sage, qu'elle désire décliner dans d'autres pays, ce pourquoi elle recherche des partenaires locaux.
Outre son recours à des banques pour l'apport des fonds nécessaires à son fonctionnement, qui est apparemment son modèle de prédilection, la startup est bien sûr encline à citer les marques qui l'accompagnent pour des raisons d'image. La présence d'une enseigne connue constitue en effet un facteur important de confiance qui lui permet de vaincre les réticences éventuelles face à un acte potentiellement intimidant, par sa simplicité, son immédiateté et sa nouveauté (dans un outil comptable et en dehors).
En revanche, la démarche de Lloyds Bank soulève quelques questions. D'un côté, son implication dans une approche de services enfouis représente une vraie reconnaissance d'une tendance inéluctable, dont elle se fait de la sorte une pionnière. De l'autre côté, le choix de s'appuyer sur un tiers pour l'implémentation, même en tenant compte de sa prise de participation, donne une impression de demie-mesure, entre un soupçon d'incapacité technique à offrir un processus de décision et de souscription « digital » optimal et, peut-être, la perception d'une évolution pas si stratégique qu'elle devrait l'être.
Les progrès de l'industrie vers la « banque en services » (BaaS) et la distribution au plus près des besoins des clients restent globalement timides. Le premier pas fait par Lloyds Bank marque une avancée notable, dans un domaine qui approche désormais la maturité dans ce registre. Malheureusement, derrière les hésitations et les limitations, ressort probablement l'impuissance qu'entraîne le retard pris dans la transformation numérique – celle qui ne se contente pas de décliner le concept d'agence dans une application web ou mobile mais réinvente les métiers de fond en comble pour l'ère technologique.