Je le répète souvent ici, la transformation « digitale » de la banque est affaire autant, voire plus, de culture d'entreprise que de technologie. Pour cette raison, HSBC offre désormais à l'ensemble de ses collaborateurs, dans tous ses métiers, un programme pédagogique de découverte de la FinTech dans une optique de sensibilisation.
Toutes les institutions financières devraient se plier à ce petit exercice consistant à interroger leurs employés sur leur compréhension de la mutation que connaît le secteur et de l'émergence d'une génération de trublions qui réinventent les approches historiques. Elles découvriraient qu'une bonne partie d'entre eux, enfoncés dans le confort de leurs habitudes, ne perçoivent pas l'ampleur et la portée du phénomène, même quand ils connaissent et, parfois, utilisent des solutions telles que PayPal, Revolut, Wise…
Or cette ignorance représente un handicap majeur dans les stratégies de modernisation, non seulement parce qu'elle limite automatiquement les velléités et les capacités d'envisager de nouvelles manières de produire et délivrer des services mais également à cause du sentiment de sécurité qu'elle crée et qui conduit, sciemment ou non, à discréditer les idées originales et rejeter les innovations. Et même si les équipes informatiques sont au front, ce sont tous les salariés qui contribuent à l'immobilisme.
Forts de cette conviction, les responsables de HSBC lancent donc un plan d'action dont la première étape vise à faire prendre conscience à tous des enjeux de notre époque, à travers une mise en perspective de ce que la FinTech apporte de radicalement différent dans les activités existantes. Dans ce but, elle met librement à la disposition de ses troupes un cours en ligne mis au point avec l'université d'Oxford spécialement pour ses besoins, sur la base d'un cursus conçu à l'origine pour les entrepreneurs.
Concrètement, les thèmes abordés au long des quatre (bien courtes) heures du parcours proposé se répartissent entre, notamment, un aperçu extensif de la disruption « digitale » et de la notion de plate-forme, ainsi que, à une échelle plus détaillée, l'intelligence artificielle et la banque ouverte (« open banking », un sujet particulièrement mal appréhendé à ce jour dans l'industrie). De nombreux exemples récents accompagnent les présentations théoriques, afin de mieux faire appréhender aux étudiants la réalité des changements en cours et leur impact potentiel sur leur quotidien.
L'inévitable transformation du secteur financier entraînée par l'emprise des technologies et les évolutions des comportements et attentes des clients ne pourra aboutir que si les organisations parviennent à rassembler toutes leurs forces derrière le chantier. Parce que rien n'a été fait jusqu'à maintenant dans ce but, il devient impératif de commencer par introduire un sens de la menace qui pèse sur l'avenir. Le meilleur moyen pour ce faire est bien de mettre en lumière les modèles innovants qui se développent autour de la banque traditionnelle. Mais ce ne sera qu'un point de départ à la révolution culturelle.