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Le Studio de l'Ermitage dit Ok à Okun

Publié le 12 juin 2022 par Assurbanipal

Le Studio de l'Ermitage

Paris, Ile de France, France

Vendredi 10 juin 2022, 21h

Concert de sortie de l'album " "

Aurelien Bouly: guitares, MC, direction

Lester Alonso Vasquez: batterie, percussions, chant

Jean-Luc Pagni: guitare basse électrique, flûte traversière, orchestration cuivres

Francisco " Pancho é Gonzales Amador: congas, tambores bata

Stéphane Morin: guitare 12 cordes

Anais Ramos: chant

Hippolyte Fèvre: trompette, bugle

Mathieu Vernes: sax ténor, sax alto, clarinette

" " signifie " corde " en yoruba, langue d'Afrique de l'Ouest (Bénin & Nigeria actuels) qui est utilisée dans les rites de la santeria à Cuba. Le fidèle abonné franco béninois de ce blog, dont le Yoruba est une des langues natales, ne m'a pas signalé ce détail. Il est pardonné tant qu'il reste abonné. Cordes comme celles des guitares et comme les liens qui unissent Amérique, Afrique et Europe à travers le Jazz et la musique de ce projet. Comme l'explique bien Aurélien Bouly, il ne joue pas cubain, il joue avec des Cubains. Nuance. Les Français sont aux instruments à cordes, les Cubains aux instruments à percussion et au chant.

" Puerto Padre " (Emiliano Padre). Une chanson à la gloire de la ville natale de l'auteur. Sur le mur de fond de scène sont projetées des photos et des peintures. Les peintures sont l'oeuvre d'Aurélien Bouly. Cet homme sait tout faire. Il commence à la guitare électro-acoustique. Ca balance tranquille. Bonne vague. Sur un coup de baguette du batteur, ça se révelle. Les Cubains chantent, pulsent comme il faut. Les Français suivent. Je roule de la tête et des épaules. Ma voisine de gauche bat la mesure des pieds. Mon voisin de droit idem. Bref, ça marche.

Aurélien Bouly passe à la guitare électrique pour un standard du Jazz. " What is this thing called love ? " (Cole Porter). Qu'ils jouent sur un rythme de changui qui vient de Guantanamo où il n'y a pas seulement une base américaine et des prisonniers sans procès légitime. C'est bien le thème de Cole Porter mais sur un rythme afro cubain. Ca le fait. " Le rythme afro cubain est comme la joie de l'homme qui a découvert le feu " ( Michel Leiris). Le conguero chauffe dur.

1879: naissance du danzon à Cuba, une musique inspirée du quadrille français, créolisé à la cubaine. 1879: adoption de la Marseillaise comme hymne national de la République française. Elle l'est toujours (article 2 de la Constitution de la Ve République).

Changement de programme. Le groupe ne joue pas la Marseillaise mais un classique du Latin Jazz, joué par John Coltrane notamment, " Afro Blue " (Mongo Santamaria). Un spectateur cubain bat la mesure dans ses mains. Je le présume Cubain car il parle espagnol et semble en symbiose avec la musique. Le percussionniste est passé aux tambours bata. Ca sonne plus grave que ses congas. Tout se calme pour mieux faire ressortir le solo de guitare électrique. La tension montre entre guitare, batterie et percussions. Le bassiste tient la ligne directrice.

Les souffleurs montent sur scène. Trompette et sax ténor. Ainsi que la chanteuse. Pour jouer et chanter " La Marseillaise " en danzon. Cf extrait audio au dessus de cet article. C'est bien la Marseillaise au rythme du danzon. Ca balance tranquille. Les souffleurs y ajoutent une langueur supplémentaire. Il n'y a pas que le rythme qui change. Les paroles aussi. " De Marseille à Cuba ". Les musiciens font le choeur. La chanteuse assure terrible: voix, déhanché. Tout bouge et tout est en place. Solo de sax ténor avec un son chaud, viril. Sur un rythme caribéen, je pense forcément à Sonny Rollins. Solo de trompette bien dans l'esprit lui aussi. Ca brille et ça pète.

" Mambo influenciado " (Chucho Valdes). La chanteuse est partie. Sax alto et trompette. Pas de piano pour jouer cette oeuvre d'un pianiste. C'est énergique. Solo de sax alto suave à souhait sur une rythmique endiablée. Solo de trompette avec sourdine Harmon. Plus dans le style de Dizzy Gillespie que de Miles Davis. Logique sur un mambo. Duel conga batterie ponctué par les guitares, basse incluse.

" Song for my father " (Horace Silver). Le bassiste se met à la flûte traversière. Le batteur passe aux percussions. Un thème funky aux racines du Cap Vert, pays natal du père d'Horace Silver ( " Cantiga para meu pai " est le 2e titre du morceau, en portugais). Cela s'entend. La flûte s'y ajoute très bien. Trompette et sax ténor. 1er solo à la guitare 12 cordes. Il joue bien dans l'esprit cap verdien. La saudade. Joli solo de flûte. Le flûtiste reprend sa basse. Solo de sax ténor. Ici, c'est la mémoire de Joe Henderson qui plane. Solo de clarinette pour finir.

Solo de trompette alors que le groupe enchaîne sur un autre air, cubain celui là. Ca brille et pète joyeusement. Retour du sax ténor.

Les souffleurs sortent de scène. Une rumba d'un quartier de la Havane. Tous les musiciens sont aux percussions. Les Cubains jouent et chantent. Ca balance bien. Ils auraient pu rappeler la chanteuse. Les Français font le choeur.

Retour aux guitares et retour de la chanteuse. " El Raton " ( Cheo Feliciano). Ca balance tout en douceur et en souplesse. La chanteuse est toujours en pleine forme, rayonnante. Mes voisins Cubains chantent joyeusement. Deux Messieurs à cheveux blancs qui ne boudent pas leur plaisir. Beau solo de guitare électrique ludique, bien funky, bien rythmé.

La guitare accélère. Le groupe suit. Aurélien Bouly se prend pour Carlos Santana, Mexicain pour sa part. Premier solo de basse. Bien funky. Bien humide. Bonne vibration. Dialogue hypnotique basse, guitare, percussions. Ca vient de Carlos Santana, c'est clair. Bien joué.

Une chanson française. " La foule " chantée par Edith Piaf, Française d'origine italienne. J'apprends d'Aurélien Bouly qu'il s'agit d'une valse argentine, d'origine péruvienne. La mondialisation ne date pas d'hier. La chanteuse n'est pas sur scène. La guitare remplace l'accordéon de la version française. La furia francese avec una salsa cubaine.

Aurélien Bouly revient à la guitare sèche pour " Cuenta le alla luna " (?). Une ballade comme son titre l'indique. Un spectateur, proche de la scène, essaie une anche. Logiquement, ça doit être un musicien invité.

Saxophoniste et trompettiste remontent sur scène. " Douce ambiance " ( Django Reinhardt). Ce mélange jazz manouche et afro cubain, c'est la marque de fabrique d'Aurélien Bouly. Clarinette. Ca sonne klemzer. La trompette, elle, sonne franchement cubaine. Tout comme le solo de guitare électrique.

Un hommage à Chano Pozo, le percussionniste mythique de l'Atomic Big Band de Dizzy Gillespie (1946-1948) par Aurélien Bouly, " Misterio Divino ". Cf vidéo sous cet article. Le spectateur monte sur scène. Philippe Nadeau au sax ténor. Dialogue basse congas bien funky. La guitare électrique aussi. Deux saxs ténors plus le bugle pour un son plus mat des souffleurs. Solo du citoyen Nadeau au sax ténor. La force tranquille. Beau gros son. Il projette sans effort apparent. Le guitariste 12 cordes ajoute ses pincements. Le fluide sympathique circule entre basse, batterie et percussions. La guitare électrique s'ajoute puis les souffleurs. Ca tient chaud au coeur et à l'âme.

En rappel, la chanteuse a rejoint tout le groupe pour un final jubilatoire.

Annoncé à 21h, le concert a commencé à 21h45. Ouï la qualité du concert et l'ambiance dégagée par le groupe, cela valait la peine d'attendre. A revoir en plein air dans les festivals de Jazz de l'été 2022.


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