Peut-on encore parler du monde paysan ? Anaïs va-t-elle reprendre la ferme ? Ses frères sont partis. Il ne reste qu’elle. Qu’est devenue l’agriculture ? Quelles surfaces ? Quels produits ? Quand on confie la gestion de quoi que ce soit à des financiers, on en vient à oublier ce pour quoi on travaille. La terre, elle, subit les pesticides, les démembrements, les regroupements qui n’ont d’autre but que d’accumuler du capital. Les sols durcissent, se bétonnent et un jour on vous dit de quitter les vaches. Si elle veut reprendre la ferme, Anaïs ne veut pas répéter les erreurs des générations qui l’ont précédée, mais elle doit répondre aux questions de la banque qui, elle, veut que ce soit rentable, se fiche complètement de la terre.
Ailleurs Cynthia Fleury et Antoine Fenoglio écrivent : « Ce n’est pas le capital qui est garant de la propriété. C’est le soin qui l’est. Les propriétaires sont ceux qui prennent soin. » C’est à peu près ce que dit aussi ce spectacle. Il faut prendre soin de la terre qui nourrit. Une image m’y fait aussi penser aux sculptures que Julos Beaucarne installa dans un champ, en Wallonie, des « pagodes post-industrielles », pour retrouver le contact avec l’univers.
C’est un théâtre documentaire : Anaïs, pour nous raconter sa terre, fait entendre les voix de paysans, qui témoignent.