À la convergence, particulièrement aiguë aux États-Unis, de la vague de démissions et de la prise de conscience par les consommateurs, dans le sillage de la crise sanitaire, de l'importance de disposer d'une réserve de secours, SecureSave concocte pour les entreprises une solution d'épargne à offrir comme avantage supplémentaire à leurs salariés.
Le point de départ de la démarche est désormais bien connu : le stress est un facteur considérable d'absentéisme et de désengagement au travail, et une de ses principales causes réside dans les inquiétudes relatives aux finances personnelles, en particulier celle de ne pas être en mesure de faire face à un imprévu. Dans ces conditions, les employeurs voient de plus en plus un intérêt concret à fournir à leurs forces vives des outils de bien-être financier, susceptibles de leur redonner sérénité et confiance.
Aux côtés d'approches existantes, à base de prêt ou d'avance, destinées à affronter l'incident quand il survient, SecureSave préfère jouer l'anticipation et la prévention. Dans cette perspective, son idée est de passer par leur feuille de paye pour encourager les personnes à mettre de côté un matelas de sécurité. Et bien qu'il reste toujours difficile de convaincre l'individu moyen, avec sa psychologie humaine, d'agir en prévision d'un événement futur incertain, quelques arguments spécifiques incitent à l'optimisme.
En premier lieu, il faut évidemment évoquer le traumatisme de la pandémie qui, pour beaucoup d'américains, a donné lieu à des situations de crise auxquelles ils n'étaient pas préparés et dont le souvenir encore douloureux constitue un puissant stimulant. Ensuite, le principe d'une ponction directe sur la rémunération est, on le sait, un moyen de rendre indolore le geste salutaire. Enfin, la jeune pousse suggère aux entreprises de donner un coup de pouce aux versements de leurs collaborateurs pour plus d'efficacité.
En pratique, la plate-forme de SecureSave est d'abord un tableau de bord pour le département des ressources humaines, intégré à son système de gestion, qui va permettre de définir les règles de fonctionnement du dispositif, entre connexion aux comptes bancaires (pour le pilotage des flux), lancement des invitations aux intéressés, définition des éventuelles règles d'abondement et suivi détaillé de l'utilisation, qui pourrait ensuite être corrélée aux indicateurs de productivité au sein de l'organisation.
De leur côté, les employés ont accès à une application mobile, aux couleurs de leur société, dans laquelle, après enregistrement (simplifié), ils choisissent librement le montant de leur contribution à leur fond d'urgence à chaque cycle de paye, à travers un simulateur qui les aide à projeter leurs ambitions, incluant les bonus accordés selon le plan préétabli. Outre des contenus pédagogiques, le logiciel leur donne également la faculté de retirer tout ou partie de leurs économies, à tout moment, sans justification.
En comparaison des capacités d'épargne automatique déployées au plus près des comptes, par les banques elles-mêmes ou par des jeunes pousses spécialisées, la participation de l'entreprise à la cagnotte de ses salariés représente un avantage déterminant pour ces derniers, en même temps qu'un facteur d'adhésion percutant. Elle demande cependant un investissement non négligeable, à ajouter au coût de SecureSave (3 dollars par employé par mois, de base), dont il faudra bien valider la rentabilité.
Bien que l'initiative me paraisse passionnante, je terminerai sur quelques réserves. À commencer par la cible retenue, des consommateurs recherchant plus de sécurité grâce à l'argent, qui n'englobe pas toute la population. Ceux qui visent en priorité la réalisation de leurs rêves, par exemple, mériteraient aussi d'avoir une solution adaptée. Par ailleurs, la multiplication des propositions à l'attention des entreprises, au bénéfice de leurs effectifs, commence à prendre des proportions excessives : seules celles qui sauront démontrer leur performance, résultats quantitatifs à l'appui, tireront leur épingle du jeu.